Yahoo/Microsoft/Google : pourra-t-on éviter le monopole sur Internet ?
Air du temps des fusions-acquisitions : les fiancées les plus fragiles sont également les plus courtisées… Et après Microsoft s’est au tour de Google de déclarer sa flamme à Yahoo, quoiqu’en se donnant l’air de ne pas y toucher vraiment.
Air du temps des fusions-acquisitions : les fiancées les plus fragiles sont également les plus courtisées… Et après Microsoft s’est au tour de Google de déclarer sa flamme à Yahoo, quoiqu’en se donnant l’air de ne pas y toucher vraiment. Rien de très anormal dans la mesure où l’offensive de l’éditeur de Windows vise très officiellement le moteur de recherche californien… De plus, cela fait désormais plus d’un an que Microsoft drague Yahoo qui s’en effraie et en cause avec... Google !
Mais l’argumentaire développé ce week-end par ce dernier pour expliquer sa posture, s’il ne manque pas d’air, a au moins le mérite de poser la question de l’intérêt des internautes. Dans un billet posté sur le blog officiel de Google, David Drummond, vice-président du groupe en charge du développement et des aspects juridiques, explique les risques qu’un rapprochement Microsoft-Yahoo ne manqueraient pas de faire courir au développement d’Internet.
En substance, comment peut-on faire confiance à un vieil éditeur d’OS ayant par le passé exercé une " influence illégale et inappropriée (…) sur le monde du PC " ? De fait – et Microsoft le revendique – le projet une fois entériné donnerait naissance au numéro 2 de l’Internet. Et David Drummond de s'interroger, sans ambages : l'entité née du rapprochement de Microsoft et de Yahoo! "pourrait-elle tirer partie d'un monopole sur les logiciels pour PC afin de limiter inéquitablement la capacité des internautes à accéder librement à la messagerie électronique, instantanée ou au services Web de concurrents ?" Et de se poser en chevalier blanc de "l'ouverture d'Internet, du choix et de l'innovation."
Reste que le couple Microsoft/Yahoo serait numéro 2 d'Internet... derrière Google ! Ce dernier occupe en effet une position largement hégémonique sur 2 secteurs clés : la recherche en ligne, qui permet de s’y retrouver parmi les milliards de pages de la toile, et la publicité, qui permet de rémunérer les éditeurs de ces mêmes pages. Alors, Google s'opposera-t-il concrètement à l'OPA de Microsoft ?
A de nombreux égards, le rapprochement de Google et de Yahoo tiendrait plus de l’accumulation de force que de la complémentarité. Ce qui serait bien moins le cas d’un mariage Yahoo-Microsoft, aux activités plus diversifiées. Le virage Internet de Microsoft s’est en outre avéré tardif et au final assez peu innovant au regard des initiatives des deux autres. Dans tous les cas, si le trio reste seul à " débattre ", il y a peu de chance que l’offre faite aux internautes en sorte grandie. Microsoft a déjà démontré sa capacité à étrangler toute velléité concurrentielle et Google, s’il s’est montré innovant durant les sept ans écoulés, pousse toujours plus loin sa logique de contrôle de l’accès à la toile pour en administrer l’audience et mieux la monétiser.
En attendant, les autorités de contrôle de la concurrence, qui ont déclaré regarder avec attention l’offre de Microsoft, feraient également bien de surveiller les gesticulations d’un Google qui fait déjà la course en tête sur l’économie Internet. Selon le Wall Street Journal, Eric Schmidt, le PDG de Google, aurait pris la peine de proposer son aide à Jerry Yang, son homologue chez Yahoo. De son côté, Microsoft vient d'obtenir 92,6 % du capital du moteur de recherche Fast, à la suite d'une OPA amicale.