SSII : 2007 au balcon... 2008 au tison ?
La fin de semaine dernière était marquée par les résultats annuels des principales SSII de l'Hexagone. Steria, pour une publication de son chiffre d'affaires, Sopra, Capgemini et Atos-Origin pour des résultats détaillés. Si on ajoute Bull, tant intégrateur de solutions qu'acteur des services, le tableau suffit à se faire une bonne idée de la santé actuelle du marché.
La fin de semaine dernière était marquée par les résultats annuels des principales SSII de l'Hexagone. Steria, pour une publication de son chiffre d'affaires, Sopra, Capgemini et Atos-Origin pour des résultats détaillés. Si on ajoute Bull, tant intégrateur de solutions qu'acteur des services, le tableau suffit à se faire une bonne idée de la santé actuelle du marché. Sans réelle surprise, 2007 sera un très bon crû pour tous ces acteurs.
Steria, cap sur l'offshore
Celui de l'offshore pour Steria, qui via le rachat du Britannique Xansa, possède désormais de solides bases en Inde (5000 personnes). Après avoir longtemps relativisé l'importance des implantations dans les pays à faible coût de main d'oeuvre, la SSII dirigée par François Enaud (en photo), qui a réalisé un chiffre d'affaires de 1,4 milliard d'euros (marge opérationnelle de plus de 8 %), met clairement le cap sur ces nouveaux territoires. La semaine prochaine, Steria ouvrira d'ailleurs un centre de service à Casablanca au Maroc.
Sopra au-delà du milliard
Chez Sopra, autre poids moyen hexagonal sur le marché des services, 2007 aura été l'année du franchissement du cap du milliard d'euros. La SSII dirigée par Pierre Pasquier, qui s'est adjoint les services de Dominique Illien, l'ex numéro deux d'Atos Origin, ressort parmi les meilleures performances financières de l'année. Une marge de 9,1 % et une croissance de 11,6 %. Comme Steria, Sopra, longtemps timide sur l'offshore, accélére dans ce domaine : la SSII prévoit de faire passer ses effectifs dans les pays à faible coût de main d'oeuvre de 8 à 12, voire 15 % en un an. Même si Pierre Pasquier souligne que sa société « n'est pas positionnée sur des métiers ayant un recours massif à l'offshore ».
Atos Origin, le convalescent
Annoncés comme Sopra vendredi dernier, les résultats d'Atos Origin étaient parmi les plus attendus de l'industrie. La SSII dirigée par Philippe Germond (en photo) fait en effet figure de convalescent. D'autant que la volonté d'indépendance de sa direction est contestée par deux fonds d'investissement, Centaurus et Pardus, qui compte pour plus de 20 % de son capital à eux deux et sont plutôt favorables à une cession.
A périmètre constant, les ventes de la société franco-néerlandaise reste inférieures à celle du marché. Si la société est revenue aux bénéfices en 2007 (avec un bénéfice de 48 millions d'euros contre une perte de 264 millions en 2006) pour une marge de 4,6 %, le groupe reste à la merci d'un retournement de conjoncture, malgré la confiance affichée vendredi dernier par sa direction.
Car, au-delà des résultats 2007, ce sont surtout les prévisions pour 2008 que soupesaient les analystes. Une polarisation qui s'explique par l'éclatement de la crise des subprimes cet été. Investisseurs et analystes anticipent un recul des dépenses IT chez les donneurs d'ordre en raison de ce ralentissement économique. L'effondrement des cours de bourse des principales SSII est d'ailleurs là pour montrer que ce tassement est déjà dans tous les esprits. Les principaux cabinets d'études ayant également révisé à la baisse leur prévision de croissance des dépenses IT pour 2008.
Cap circonspect pour 2008
Si, à cet égard, Sopra s'est montré « raisonnablement optimiste », s'estimant bien armé pour traverser sans trop de dégât un orage, Capgemini est resté plus circonspect sur 2008. La SSII dirigée par Paul Hermelin explique qu'il « n'est pas inconcevable que les difficultés du secteur bancaire finissent par se propager à l'ensemble de l'économie et atteindre nos propres métiers ». Même si la crise « n'a pas eu à ce jour de répercussion », se hâte de préciser le groupe. Pourtant, chez Cap, les indicateurs sont résolument au vert : ventes en progression de 13% (à 8,7 milliards d'euros), marge opérationnelle de 7,4% (contre 5,8 % en 2006), positions à l'offshore renforcées grâce au rachat de Kanbay, renégociation de l'épineux contrat Schneider Electric. Malgré tout, pour 2008, la première SSII hexagonale n'anticipe qu'une croissance comprise entre 2 et 5 %. Même si elle promet de continuer à améliorer sa marge.
Bull, des bénéfices et pas de prévisions
Autre retour en grâce, celui de Bull, qui enregistre un bénéfice net de 4,6 millions d'euros en 2007 (pour un CA de 1,1 milliard d'euros). Un résultat largement dû à la croissance des services, qui atteint près de 15 %. Mais, pour 2008, le Pdg du champion informatique national, Didier Lamouche (en photo), s'est refusé à toute prévision. Une prudence finalement générale dans l'industrie, où l'on sait désormais trop bien que même des indicateurs résolument au vert (comme aujourd'hui des ratios prise de commandes sur facturation autour de 1,06 ou 1,07) ne suffisent pas à éviter une bourrasque soudaine.
Une prudence qui n'est pas toutefois synonyme de fatalité. Comme le soulignent les patrons de SSII, même si un ralentissement économique se profile, rien ne dit que les investissements informatiques en seront les premières victimes, comme ce fut le cas lors de l'éclatement de la bulle Internet. Car, souvent, l'IT fait figure de moteur indispensable aux projets d'optimisation du fonctionnement des organisations.