Tout le monde, il est beau, tout le monde, il est « green »
Le DSI français est-il plutôt vert vif, vert délavé ou vert sale ? C'est à cette grande question colorimétrique que se sont attaqués les cabinets d'étude, mandatés (comprendre payés) par de grands constructeurs ou éditeurs. Objectif officiel : évaluer l'impact des considérations environnementales sur la politique d'achat informatique des entreprises.
Le DSI français est-il plutôt vert vif, vert délavé ou vert sale ? C'est à cette grande question colorimétrique que se sont attaqués les cabinets d'étude, mandatés (comprendre payés) par de grands constructeurs ou éditeurs. Objectif officiel : évaluer l'impact des considérations environnementales sur la politique d'achat informatique des entreprises. Une façon aussi de justifier le discours marketing des fournisseurs, qui, de plus en plus, s'appuient sur les questions d'empreinte environnementale des produits pour pousser au renouvellement des équipements.
Ainsi, une étude de VansonBourne, commandée par le spécialiste du stockage Overland, croit déceler une prise de conscience subite et massive des DSI hexagonaux. Près d'un DSI français sur trois placerait ainsi l'écologie comme premier critère de choix d'une solution de sauvegarde. Mieux que les Allemands (23 %) et loin devant les Anglais (4 %). Un effet Grenelle de l'environnement ?
Les coûts, un frein dans sept cas sur dix
Le même VansonBourne fournit aussi des arguments à BEA,. Selon l'éditeur, deux tiers des entreprises européennes sondées par le cabinet en janvier dernier « développent ou ont déjà développé » des plans de réduction de la consommation et des émissions de leurs outils technologiques. A des degrés divers, tempère quand même BEA.
Bref, un véritable florilège de déclarations de bonnes intentions. Reste que, de l'engagement verbal au carnet de chèque, il y a un pas, voire un grand pas. Loin d'être franchi par nombre d'organisations. Selon VansonBourne (sauce BEA), 70 % des entreprises françaises évoquent les coûts comme inhibiteurs majeurs de leur politique « verte ». D'ailleurs, lors du dernier CeBIT où les problématiques environnementales faisaient l'objet d'une attention particulière, le village « Green IT » n'a pas connu une affluence record, comme nous le soulignions voici quelques jours dans ces colonnes.
Victimes de la mode ?
Positionné sur le créneau avec notamment des serveurs basse consommation et une offre de services juste lancé en France, Sun confirme le décalage par la voix de Bruno Hourdel, son directeur marketing. « Avec l'éco-responsabilité, pour la première fois, les utilisateurs s'inscrivent dans le même phénomène de "hype" que les fournisseurs. Ces chiffres ne m'étonnent donc pas. Mais le souci de la France sur ce sujet sera de passer du discours au comportement ». Pour lui, seuls les rapports annuels seront à même de fournir une vision réaliste de l'engagement des grands comptes français. « Car si l'organisation se fixe globalement un objectif chiffré de réduction des gaz à effet de serre, chaque département – donc la DSI – reçoit sa quote-part. » Bruno Hourdel parle d'expérience : avant juin, la filiale française doit fournir à sa maison mère les chiffres de la contribution du pays à l'effort global de la société. La firme californienne apparaît très concernée par la problématique. Par exemple, elle a nommé un administrateur chargé des questions d'éco-responsabilité au conseil d'administration, mené un audit de ses fournisseurs pour s'assurer de leurs pratiques environnementales et réduit le taux de déchets de ses machines après recyclage à 4 % du poids total (avec un objectif à 1 %).
Certes, aujourd'hui, de nombreux grands comptes hexagonaux réfléchissent à la restructuration de leur datacenter, du fait de l'atteinte des capacités maximales des installations (en termes de puissance électrique, de capacité de refroidissement ou tout simplement... de place au sol). La réduction de leur consommation d'énergie fait alors bien partie des plans de transformation, mais elle n'apparaît pas comme le déclencheur du projet.
« Récemment, un grand compte français a mené un audit de l'éco-responsabilité de ses fournisseurs IT, relève toutefois Bruno Hourdel. Une condition sine qua none pour recevoir les appels d'offre de cette société. » Un signe tangible cette fois d'une vraie préoccupation environnementale. Qui tenderait à montrer que le comportement éco-responsable pourrait avoir un mode de diffusion viral, en rebondissant d'entreprise en entreprise.