Elections US 2008 : la société de l’information au cœur des programmes

Après avoir observé la manière dont les salariés de l'IT s’impliquaient financièrement dans la campagne et suivi les pérégrinations des différents candidats chez Google, LeMagIT poursuit sa plongée dans les élections présidentielles américaines.

Après avoir observé la manière dont les salariés de l'IT s’impliquaient financièrement dans la campagne et suivi les pérégrinations des différents candidats chez Google, LeMagIT poursuit sa plongée dans les élections présidentielles américaines.

Cette fois – et alors que le gouvernement de la France vient tout juste de se doter d'un secrétaire d’état à l’Economie numérique –, il s’agit d’aller plus avant dans les programmes des candidats demeurant en course : Barack Obama et Hillary Clinton côté démocrates et John McCain, d’ores et déjà choisi pour représenter le camp républicain.

Et ce qui frappe de prime abord, un an après la présidentielle françaises, c’est la manière dont les technologies de l’information et l’économie numérique constituent un enjeu nécessitant la construction de discours qui dépassent largement le monde de l’informatique. Fiscalité, Net « neutrality », fracture numérique, vol de données personnelles, formation, immigration d’informaticiens, IT verte : chaque candidat a d’ores et déjà fait valoir son point de vue. Revue de programmes par thème.

Structure d’Internet

Une question revient sans cesse à propos de la manière aux oreilles des candidats : est-il pour ou contre la « net neutrality » ? Assez peu débattue en France, la nature neutre – c’est à dire libre d’accès, sans contrôle d’un opérateur sur les contenus et sans formatage propriétaire - du réseau apparaît comme un enjeu central aux Etats-Unis. Côté démocrates, Obama et Clinton militent pour la neutralité, au point de vouloir légiférer afin de sanctuariser le réseau. De son côté John McCain est plus nuancé : un réseau ouvert et non dirigé d’accord, mais autorégulé. L’important, aux yeux du républicain, est de laisser le marché et les évolutions technologiques gérer les équilibres sur le net. L’enjeu est de taille tant les différents candidats estiment qu’Internet est un élément clé du développement économique, social et éducatif au XXIème siècle.

Fiscalité sur les technologies de l’information

Belle unanimité : l’ensemble des candidats encore en course est favorable à des taxes plutôt faibles, voire inexistantes, dès lors qu’il s’agit des technologies de l’information. Des nuances cependant dans les modalités d’actions fiscales. Si Barack Obama est contre la taxation des échanges sur Internet pour soutenir le cybercommerce, il a également voté contre la poursuite de la réduction des impôts sur le capital et les dividendes.

Au contraire, Hillary Clinton et John McCain considèrent qu’une fiscalité allégée sur le capital favorise les investissements. Clinton promet même une baisse de l’ensemble des taxes susceptibles de toucher les secteurs technologiques, tandis que John McCain est favorable au prolongement de la sanctuarisation fiscale du cybercommerce. Des propositions de soutien donc à un secteur jugé clé pour l’avenir économique et l’indépendance technologique des Etats-Unis.

A 10 000 lieux de ce que prépare ou a régulièrement évoqué le gouvernement français : du prix des licences UMTS à la future taxe sur les produits électroniques ou sur Internet dans le cadre de la réforme de l’audiovisuel public, l’Etat français n’a de cesse de voir dans le développement de la société de l’information une vache à lait potentielle.

Fracture numérique

« Il faut la combler ». Tous le monde est d’accord. Reste à savoir par quel moyen. Et là peu de propositions pour l’instant, si ce n’est de poursuivre l’effort d’équipement des établissements scolaires entamé avec le programme E-rate. Barack Obama glisse d’ailleurs perfidement être très honoré du soutien officiel de Reed Hundt et Bill Kennard, les anciens présidents de la FCC (Federal communications commission) deux hommes ayant créé et mis en oeuvre E-rate du temps de l’administration Clinton (Bill) …

Immigration

Là encore, une différence de taille avec le débat en France : Obama, Clinton et McCain sont tous favorables à l’ouverture des frontières, notamment concernant les populations étrangères diplômées. Reste que personne n’ose aller aussi loin que Bill Gates. Depuis de nombreuses années le patron de Microsoft – par ailleurs soutien des démocrates – explique inlassablement combien Microsoft a besoin des ressources des développeurs étrangers sur son campus de Redmond pour croître et innover. La semaine dernière il se montrait franchement alarmiste devant les députés du Committee on Science and Technology. Selon lui, le contingentement actuel du nombre de visas H-1B (concernant les immigrants diplômés, ce visa temporaire est délivré pour une période de trois ans) à 65 000 par an est nettement insuffisant et pourrait – à terme – faire perdre aux Etats-Unis son leadership en matière de technologie de l’information, au profit de l’Inde ou de la Chine. Gates milite pour une augmentation importante du nombre de visas ainsi que pour des procédures allégées et la délivrance d’un statut de migrant pour les actuels titulaires du H-1B. Si Hillary Clinton semble la plus ouverte à ces propositions, personne n’ose encore adhérer totalement aux vues de Bill Gates, jugées trop radicales.

(lire la suite de notre enquête sur les programmes des candidats à l’élection américaine vendredi 21 mars)

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