Internet : Eric Besson cristallise de grandes attentes
Fraîchement investi d’une mission relative à l’économie numérique, en plus de ses portefeuilles existants, Eric Besson serait sollicité de toutes parts. Une chose est sûre, de nombreux acteurs de l’Internet français le courtisent à l’heure où des menaces nouvelles pèsent sur le Web 2.0 hexagonal et où la fracture numérique reste béante.
Fraîchement investi d’une mission relative à l’économie numérique, en plus de ses portefeuilles existants, Eric Besson serait sollicité de toutes parts. Une chose est sûre, de nombreux acteurs de l’Internet français le courtisent à l’heure où des menaces nouvelles pèsent sur le Web 2.0 hexagonal et où la fracture numérique reste béante.
« Quarante nouveaux rendez-vous auraient été pris avec Eric Besson dans la seule après-midi suivant l’annonce de ses nouvelles fonctions », nous a glissé un de ces acteurs de l’Internet français qui lui courent après. Et ils sont nombreux à le solliciter.
Une fracture à combler
L’association Renaissance Numérique vient ainsi d’adresser une lettre ouverte au gouvernement pour relancer les propositions qu’elle avait formulées dans un livre blanc présenté il y a un an, en pleine campagne présidentielle. Renaissance numérique doit rencontrer Eric Besson le 10 avril prochain, jour du lancement de ses « Etats généraux de l’Internet ». A l’occasion d’un entretien téléphonique, Catherine Barba, présidente de Cashstore.fr et membre de l’association, nous a expliqué l’initiative. « C’est une sorte de Grenelle de l’Internet, inspiré de celui de l’environnement qui a profité d’une bonne couverture médiatique et a bien porté ses fruits. C’est surtout une façon symbolique d’attirer l’attention sur la problématique de la fracture numérique. » Mais au-delà de la communication, il s’agit de verser dans le concret : « nous voulons mettre en place des groupes de travail qui émettront des propositions concrètes sur des sujets précis tels que l’équipement des ménages, le développement d’Internet dans les PME, etc. Il s’agit de faire participer tous les professionnels et d’amener les internautes à contribuer. » Et de se satisfaire, déjà, de l’adoption de l’une des propositions de l’association : la donation par les entreprises à leurs salariés des ordinateurs amortis. Pour le reste, tant pis si les ambitions affichées Nicolas Sarkozy en ouverture du CeBIT de Hanovre sont en deçà de celles de Renaissance Numérique, l’optimisme est rigueur.
Un cadre législatif à clarifier
Les doléances de Pierre Kiosciusko-Morizet, PDG du site Price Minister et vice-président de l’Association des Services Internet Communautaires (Asic), touchent plutôt à la législation et à son interprétation par les tribunaux. Sans surprise, Pierre Kiosiusko-Morizet réagit vertement aux récents jugements contre Fuzz – un cas « complètement grotesque » – et Dicodunet. Pour lui, ces jugements « démontrent l’incapacité totale d’un certain nombre de juges à comprendre ce qui se passe sur Internet. » Mais le problème concerne aussi le législateur : « l’enjeu est aussi de faire évoluer les lois assez vite pour qu’elles suivent ce qui se passe sur Internet ; c’est difficile d’avoir des lois qui collent à la réalité [du Net]. »
En fait, pour le vice-président de l’Asic, il règne « depuis un an une certaine anarchie. » Et d’évoquer, en exemples, les lois Chatel sur le commerce électronique : « il n’a parlé avec personne, et quand on l’appelait, il ne répondait pas. » Un autiste devenu porte-parole du gouvernement... Pour Pierre Kiosciusko-Morizet, l’environnement juridique, « incertain », nuit à la compétitivité française : « il pousse les entrepreneurs à partir à l’étranger. » Pire, « ni l’exécutif, ni le législateur ne font le maximum pour la compétitivité de l’économie numérique française. » Bref, « on espère que la nomination d’Eric Besson va changer ça » avec, enfin, une compétence transversale interministérielle sur le sujet.