Infogérance : Devoteam a digéré la pilule Pierre Fabre
Trois ans après avoir repris l'informatique de Pierre Fabre, qui revenait d'une externalisation ratée chez Capgemini, Devoteam Outsourcing (DVO) sort peu à peu d'une culture très mono-client. C'est en tout cas le message que tentaient de faire passer les responsables de cette activité, lors de la visite du site de Castres, site hérité du contrat Pierre Fabre.
Trois ans après avoir repris l'informatique de Pierre Fabre, qui revenait d'une externalisation ratée chez Capgemini, Devoteam Outsourcing (DVO) sort peu à peu d'une culture très mono-client. C'est en tout cas le message que tentaient de faire passer les responsables de cette activité, lors de la visite du site de Castres, site hérité du contrat Pierre Fabre.
Des installations livrées en 2005, et exploitées dans le cadre d'une co-entreprise entre la SSII et le groupe pharmaceutique. Des installations qui « tournent » aujourd'hui à 80 % pour le seul Pierre Fabre.
C'est sur la base de cette installation que le prestataire construit son offre d'exploitation, de support et de maintenance des infrastructures. Une offre qui s'étoffe peu à peu, notamment avec le déploiement d'embryons d'activités offshore (pour l'instant uniquement au Maroc), mais dont le centre névralgique reste localisé à Castres. Un choix dicté là encore par le client historique, Pierre Fabre, très attaché à sa région d'origine. Un attachement pour partie à l'origine du divorce avec Cap, selon Michel Vret, l'actuel DSI de Pierre Fabre : « Le choix de Capgemini en 2002 était une erreur de casting. Pierre Fabre s'est construit sur un modèle régional, alors que pour Cap, Castres n'était qu'un datacenter de plus qui plus est dans une période difficile pour eux, entraînant des remises en cause de leur politique de descente sur des comptes régionaux ». D'où un manque criant d'investissement dans les infrastructures. « Le contrat vivotait », selon Michel Vret. Remise à plat donc en 2005, avec le choix – à priori étrange - d'une SSII sans expérience dans l'outsourcing, Devoteam.
Evolution des mentalités
C'est cette histoire un peu chaotique qui explique que l'association Devoteam-Pierre Fabre ait mis près de trois ans à se roder. « Bien sûr ça peut paraître long, reprend Michel Vret. Mais changer une culture d'entreprise en 5 ans, car c'est bien de cela qu'il s'agit, c'est très court. On a aujourd'hui dépassé ce stade pour rentrer dans la relation de service, autrement dit dans la vraie vie du contrat. » Cinq années d'autant plus courtes que le périmètre de l'externalisation est très large (exploitation et supervision du datacenter, support aux utilisateurs, gestion du parc de PC et gestion des changements) et que l'évolution n'a pas été rapide pendant la période Cap. Y compris au sein de Pierre Fabre : « lors de mon arrivée à la DSI en 2005, nos équipes parlaient toujours de la direction technique pour qualifier les personnels transférés au prestataire », note Michel Vret.
Depuis les rôles se sont clarifiées. Et Devoteam a progressé sur la courbe d'apprentissage de ce métier d'industriel qu'est l'outsourcing. Notamment en investissant autour du référentiel Itil. « Une des premières découvertes de Devoteam, c'est que la vision financière de cette activité est très différente de celle de ses métiers habituels, reprend le DSI. Ce sont des métiers où les retours sur investissement se mesurent à 7 ou 8 ans ».
La moitié du chemin a donc été parcouru. « C'est une société jeune dans ce métier, reprend ce vieux routier de l'externalisation qui a piloté nombre de contrats d'outsourcing. Elle fait beaucoup d'efforts, même si nous voudrions voir la relation de confiance progresser plus vite entre nous. » A la décharge du prestataire, le contrat est complexe : il porte sur environ 250 applications, avec des contraintes différenciées en termes de qualité de service. Sans oublier les nombreuses obligations réglementaires pesant sur l'activité du groupe pharmaceutique.
Banques Populaires, une bouffée d'oxygène pour DVO... et Castres
Les premiers acquis de DVO lui permettent aujourd'hui de gagner quelques contrats, qui devrait faire diminuer sa dépendance au seul Pierre Fabre. Déjà, en plus de gérer les infrastuctures de Devoteam lui même, DVO a signé des contrats avec la banque Edel (pour un plan de reprise d'activités), avec le papetier Antalys, les parcs de loisirs Aqualand, le laboratoire pharmaceutique Novexel (spin-off d'Aventis) ou la banque HSBC. Le site de Castres connaissant une croissance à l'avenant, puisque Christophe Olry, le patron de l'activité DVO, prévoit que ses effectifs passeront à 160 personnes à la fin de l'année (contre 120 environ aujourd'hui et 70 environ au début 2007).
Avec, en ligne de mire, l'exploitation par Devoteam des deux datacenters que les Banques Populaires vont installer dans la zone d'activité de Castres (5000 mètres carrés chacun). Un succès pour DVO bien sûr, mais aussi pour Pierre Fabre, très impliqué dans le développement de la région. Le groupe s'était notamment associé à la construction d'un réseau régional en fibre optique dans les années 90. « 15 ans plus tard, ces investissements finissent par payer », se réjouit Michel Vret.