Téléphonie en avion : la technique est maîtrisée, pas les usages
La nouvelle est tombée il y a quelques jours : les compagnies aériennes sont autorisées à déployer des solutions de communication GSM dans leurs avions survolant le territoire des pays de l’Union Européenne. Techniquement, c’est relativement simple et peu novateur : les premiers travaux du CNRS sur le sujet remontent à... 1993.
La nouvelle est tombée il y a quelques jours : les compagnies aériennes sont autorisées à déployer des solutions de communication GSM dans leurs avions survolant le territoire des pays de l’Union Européenne. Techniquement, c’est relativement simple et peu novateur : les premiers travaux du CNRS sur le sujet remontent à... 1993. Grossièrement, et comme le montre bien l’infographie réalisée par Air France (voir ci-dessous), le système consiste à acheminer les communications GSM au sol via une liaison satellite. Un dispositif d’émission/réception associé à un relais GSM installés dans l’avion assure les transmissions. C’est le commandant de bord qui autorise – ou non – l’utilisation du dispositif en l’activant manuellement à partir de 3 000 mètres d’altitude et le désactivant quand bon lui semble. Le commandant de bord peut même sélectionner les services accessibles à ses passagers : SMS, courriels, et voix. Attention cependant à ne pas fonder trop d’espoirs non plus quant aux possibilités de communication : le service data se limite au GPRS, sans support de Edge, avec une bande passante totale de 864 kbps entre l'avion et le satellite relais.
Une première expérimentation très suivie
Air France a déployé une solution de ce type, celle de OnAir, dans l’un de ses Airbus A318. Depuis le 17 décembre dernier, les 124 passagers de l’appareil peuvent échanger des SMS et courriels avec le sol. « C’est la surprise, personne ne sait s’il va monter à bord de notre A318 ‘GSM’ ; il parcourt la majorité de nos destinations européennes », explique un porte-parole de la compagnie aérienne. Depuis le feu vert de Bruxelles, les passagers peuvent aussi passer et recevoir des appels, jusqu’à 12 simultanément. Et c’est cette partie de l’expérimentation, qui se déroulera jusqu’à la mi-juin, vers laquelle convergent toutes les attentions. Non pas pour des considérations techniques, mais pour des questions d’usages.
Une frilosité partagée
Sans attendre, la société de service de voyage aux entreprises KDS a sondé 40 de ses membres sur le sujet. Les résultats sont frappants : moins d'un sondé sur dix est favorable à l’ouverture complète des services de téléphonie mobile en avion ; un sur deux ne veut pas de conversations vocales sur mobile dans le ciel ; et plus de quatre sur dix refusent l’usage pur et simple du mobile au dessus du sol.
Air France partage à demi-mot cette frilosité. Mais la compagnie aérienne précise, par la voix de son porte-parole, qu’elle tient à disposer de données chiffrées. Et de relever, rassurant, que les passagers n’utilisent, pour l’heure, le service que pour des conversations très courtes. « Surtout, les gens murmurent. Téléphoner dans un avion n’est pas la même chose que dans un TGV », ajoute-t-il.
Même l’opérateur Orange ne se fait pas d’illusion. A l’occasion d’un entretien téléphonique, l’opérateur a reconnu que « la voix [serait] difficilement acceptable [par les passagers] » et que c’est « l’utilisation data qui devrait marcher le mieux. »
La question des tarifs reste en suspens
Autre incertitude : les prix ? Pour l’instant, la question ne se pose qu’en termes théoriques : les communications GSM à partir de l’Airbus A318 « GSM » d’Air France sont décomptés du forfait, sans surcoût, pendant la phase expérimentale. Mais, par la suite, elles seront facturées au tarif d’une communication en itinérance, en zone Europe. Sauf qu’il n’y aura pas de considération frontalière dans la facturation : c’est OnAir qui va se poser en partenaire d’itinérance et en opérateur mobile du ciel.
Pour l’heure, Air France fait figure de précurseur, même si Emirates s’est également lancé dans l’aventure, avec AeroMobile comme partenaire technique. La compagnie française prévoit de rendre publics les résultats de son expérimentation d’ici la fin de l’été. A cette date, d’autres compagnies l’auront rejointe, à commencer par Ryan Air qui doit équiper en relais GSM/satellite quelque 25 avions de sa flotte dans les deux mois qui viennent. Shenzen Airlines, qui a aussi sélectionné OnAir, doit ouvrir son service à l’occasion des Jeux Olympiques. Mais OnAir, filiale d’Airbus, doit aussi équiper des appareils pour Oman Air, Jazeera Airways ou encore Royal Jordan. Son concurrent AeroMobile a quant à lui signé avec V Australia ou encore Quantas. Les sonneries devraient donc se multiplier à bord. A moins d'une fronde des passagers.