Le Munci se rêve en défenseur de l'informaticien
Des centrales syndicales sous-représentées et peu audibles, la difficulté de mobiliser les salariés sur des thèmes nationaux, mais aussi l'émergence de problématiques touchant tous les informaticiens en SSII, comme l'offshore, les salaires ou les difficultés d'application de la loi Tepa (loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat).
Des centrales syndicales sous-représentées et peu audibles, la difficulté de mobiliser les salariés sur des thèmes nationaux, mais aussi l'émergence de problématiques touchant tous les informaticiens en SSII, comme l'offshore, les salaires ou les difficultés d'application de la loi Tepa (loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat). Fort de ces constats, le Munci se sent pousser des ailes : la simple association se verrait bien devenir le syndicat professionnel autonome du secteur. Son président, Régis Granarolo, appelant de ses voeux « un syndicalisme de services aux individus ». Plus prosaïquement, cette transformation permettra aux membres du Munci de s'impliquer dans les instances de représentation du personnel. L'organisation pourra également engager des actions en justice.
Néo-contrat de projet : même Syntec n'en veut pas
Résultat : le Munci multiplie les initiatives pour affirmer sa présence. Comme en témoigne la lettre que l'association vient d'envoyer aux députés concernant le CDD à objet défini, en débat mardi dernier à l'Assemblée nationale. Cette résurgence du contrat de projet que le Syntec Informatique, la chambre patronale des SSII et éditeurs, appelait de ses voeux en 2003 « paraît superflue », au Munci. Qui critique avant tout le flou d'une disposition, celle permettant de mettre fin au contrat à la date anniversaire pour « motif réel et sérieux ». La nature précise de ce dernier étant renvoyée à des accords de branche ou d'entreprise. Le Munci demande aux députés de limiter la rupture des contrats aux fautes graves et aux cas de force majeure.
La prise de position de l'association sert avant tout à montrer sa vigilance sur ces sujets, le débat ne revêtant pas la même importance pour les informaticiens qu'en 2003. D'abord parce que le Syntec Informatique se passerait bien de ce nouveau type de contrat, de l'aveu même d'Alain Donzeaud, président du département Social, Emploi et Formation au Syntec Informatique. Un texte jugé inopportun, dans une période où le secteur cherche avant tout à attirer les jeunes vers ses sociétés. Rappelons qu'en 2003, le projet de contrat de mission avait été à l'origine d'une mobilisation sans précédent, plusieurs dizaines de milliers d'informaticiens ayant signé une pétition contre cette forme de contrat.
« Une mobilisation collective ? Faut pas rêver »
Inutile de réveiller ce débat douloureux dans la période actuelle, plutôt florissante, estime donc le Syntec Informatique. D'autant que, déjà, les sujets de mobilisation ne manquent pas en SSII. A commencer par la grogne sur les salaires, comme l'a montré la réussite de la grève chez Capgemini. Un climat favorable à la création d'un syndicat professionnel, collant potentiellement plus aux attentes des informaticiens qu'une centrale dont les visées restent avant tout politiques. Interrogé il y a une dizaine de jours sur l'évolution de son association, Régis Granarolo expliquait : « quelque chose est en train de se passer dans la profession. Les prix accordés par les donneurs d'ordre aux SSII augmentent trop peu. Cette situation aboutit au blocage des rémunérations des salariés en poste qui explique les mobilisations actuelles, par exemple chez Cap, et au renforcement du jeunisme. Des jeunes qui, eux, voient leurs salaires bondir de 5 à 10 %, pour atteindre de 32 000 à 35 000 euros en Ile-de-France. De son côté, l'offshore n'améliore pas significativement la situation des informaticiens en France, contrairement à ce qui a été dit. Sur le long terme, on est dans une impasse. » Et le Munci de souligner que le secteur des SSII offre toujours les rémunérations les plus basses pour les ingénieurs, avec même une baisse du salaire moyen en 2007.
Si ce contexte semble porteur pour la création d'un syndicat d'autonomes, ce que le Munci prévoit d'ici un mois ou deux, Régis Granarolo reste mesuré : « Le mouvement chez Cap ne va pas entraîner d'autres mobilisations dans d'autres SSII, même si il pourrait y avoir une prise de conscience. On est un peu moins dans l'individualisme, mais pas encore dans des mobilisations sectorielles. » Selon l'association, moins de 0,5 % des informaticiens en SSII sont aujourd'hui syndiqués.