IBM System Z10 : le mainframe IBM refuse toujours de mourir
L'arme fatale du nouveau datacenter, capable de s'adapter aux exigences croissantes des métiers. C'est en tout cas de cette façon qu'IBM tente de présenter son dernier mainframe, le z10. Un monstre de puissance… Côté matériel, il s’agit d’un monstre de 2,2 tonnes, pouvant, dans sa version la plus avancée, accueillir jusqu'à 64 cœurs processeurs et 1,5 To de mémoire.
L'arme fatale du nouveau datacenter, capable de s'adapter aux exigences croissantes des métiers. C'est en tout cas de cette façon qu'IBM tente de présenter son dernier mainframe, le z10.
Un monstre de puissance…
Côté matériel, il s’agit d’un monstre de 2,2 tonnes, pouvant, dans sa version la plus avancée, accueillir jusqu'à 64 cœurs processeurs et 1,5 To de mémoire. Le z10 EC est motorisé par la dernière génération de processeurs CMOS z, le z6, une puce quadri-cœur à 4,4 GHz capable de délivrer près de 920 MIPS contre environ 600 MIPS pour la génération antérieure. La connectique est à l'image des autres caractéristiques avec pléthore de ports ESCON/FICON, Ethernet et Infiniband (des liens infiniband pourront d'ailleurs être utilisés pour grouper des systèmes z10 en cluster).
Globalement, la gamme z10 comporte pas moins de cinq modèles dont le plus performant affiche des performances d'environ 30 000 MIPS soit environ 50% de mieux que le haut de gamme z9 actuel. Selon Big Blue, un seul de ses mainframes peut remplacer jusqu'à 1 500 serveurs distribués x86 avec un gain d'espace de 85% et une économie d'énergie similaire.
Le problème est que, comme à l'accoutumée, ce genre de comparaison n'a aucun sens, tout d'abord parce que les applications qu'accueillent les grands systèmes ne sont pas les mêmes que celles tournant sur des systèmes distribués. Ensuite parce que les coûts d'entrée d'un mainframe et d'une ferme de serveurs x86 sont bien différents et, enfin, parce qu'investir dans un mainframe suppose d'accepter de devenir dépendant de Big Blue. Depuis l'arrêt des activités d'Amdahl et Hitachi, IBM est en effet l'unique fournisseur de grands systèmes z/OS et fait d'ailleurs l'objet de poursuites antitrust sur cette activité suite à une plainte de PSI, un fabricant de compatibles mainframes à base de serveurs Itanium soutenu par HP et Intel.
…Et un renouvellement stratégique…
Reste qu’IBM poursuit sa route sans faiblir et réalise 25 % de son activité (vente de matériels, logiciels, services) autour de cette plate-forme. Où il bénéficie de marges confortables. Si le mainframe n'a pas connu l'extinction que lui promettaient nombre d'analystes au milieu des années 90 - mais au contraire une progression importante - l'année dernière lui a été moins favorable. Selon le cabinet d'étude Gartner, ce marché, contrôlé à 80 % par IBM, a connu une chute de 12 % en 2007.
Alors attentisme des donneurs d'ordre, qui se doutaient qu'une annonce se préparait chez IBM (la dernière datant de 2005), ou phénomène de saturation pour une plate-forme qui ne touche que les grandes entreprises et certaines applications (celles nécessitant de gros volumes de transactions) ? En tout cas, IBM entend repartir de l'avant, en infléchissant sensiblement son discours. D'abord le z10, qui a coûté 1,5 milliard de dollars en recherche et développement, est présenté comme une réponse aux défis actuels des datacenters. « La puissance électrique nécessaire dans un datacenter atteint 1 500 à 2 000 watts par mètre carré, explique Daniel Chaffraix, le président d'IBM France. Et elle doublera d'ici à 2011. C'est donc devenu une préoccupation chez tous nos clients. Le besoin de transformation des datacenters dans les grandes organisations est devenu systématique ». Et le z10 en serait le levier, selon IBM.
Pour Daniel Chaffraix, le meilleure preuve des capacités de la machine en la matière est donnée... par IBM lui même. Pour ses propres besoins, la firme consolide 3 900 serveurs Intel sur 33 z10. « Tout en conservant une réserve de puissance pour accompagner la croissance de la compagnie », assure-t-il.
D’autant qu’ IBM a automatisé le concept d'informatique à la demande. Là où il fallait auparavant solliciter le constructeur pour activer de la puissance sur le mainframe, le système est maintenant automatisé (et lié à la facturation, il va sans dire !). « Les clients peuvent activer seuls des capacités supplémentaires pour répondre à un pic de charge », explique Patrick Kesler, le directeur de l'activité serveurs et stockage d'IBM France.
…A un tarif qui demeure imposant
Proposé en cinq modèles (soit une centaine de choix en comptant les cartes d'extension), le z10 démarre aux environs du million d'euros. Pour toutes les applications, mais pas pour tous les budgets. Les principales ventes de mainframes devraient donc s’effectuer en renouvellement de la base installée notamment dans les grandes administrations publiques, les grandes banques, le monde de l'assurance, de l'énergie ou des opérateurs télécoms. Et ce n'est pas parce que les mainframes peuvent désormais faire tourner Linux qu'ils sont une alternative économique crédible aux serveurs banalisés. Pire, l'un des avantages historiques des mainframes, leur capacité à maximiser leur taux d'utilisation grâce à la virtualisation, est en train de disparaître. Les plates-formes Unix ont fait d'énormes progrès en la matière et la montée en puissance des hyperviseurs x86 promet les mêmes bénéfices sur les serveurs distribués. Autant dire que si l'extinction des mainframes est encore loin, il semble difficile de parier sur un retour en force.