Les DSI ont de moins en moins de raisons de rejeter l'iPhone
Gartner vient de changer sa recommandation vis-à-vis de l'iPhone : selon le cabinet, le smartphone d'Apple est désormais prêt à passer la porte des entreprises, grâce à son tout nouveau kit de développement, mais aussi aux quelques nouvelles fonctions promises par le constructeur pour l'été prochain. Mais est-ce vraiment suffisant ?
Gartner vient de revoir sa position. Initialement, le cabinet d’analystes déconseillait l’iPhone aux entreprises, soulignant que l’appareil « n’est pas configuré pour les pratiques typiques de sécurité et de gestion en entreprise » et relevant que « de nombreuses organisation trouvent ses fonctions de sécurité insuffisantes. » Aujourd’hui, Gartner estime que la prochaine version du logiciel interne de l’iPhone, promise pour l’été, lèvera ces limitations. Dans un communiqué, le cabinet évoque, pêle-mêle, le support d’IPSec, de WAP2 et 802.1x.
Mais ce n’est pas tout, Gartner relève aussi le support annoncé des serveurs Exchange et le kit de développement d’Apple. Pour le cabinet, ce kit « permettra aux entreprises de développer du code local et de créer des applications qui ne dépendent pas des capacités réseau. » Et d’ajouter que l’iPhone va pouvoir rivaliser avec ses concurrents – Blackberry, Windows Mobile et Symbian Series 60.
Les applications professionnelles sont déjà là
Certains industriels n’ont d'ailleurs pas attendu Apple pour s’intéresser aux capacités professionnelles de l’iPhone. Deux semaines après la sortie deu smartphone, Etelos présentait sa plateforme de GRC accessible avec l’iPhone, via une interface Web spécialement adaptée. Même chose pour NetSuite, avec une fonctionnalité baptisée SuitePhone.
A l’automne dernier, Sybase indiquait vouloir offrir le support complet de l’iPhone au sein de sa suite Information Anywhere, avec accès sécurisé aux messageries Exchange et Domino. Aujourd’hui, c’est chose faite. L’éditeur de solutions d’administration d’infrastructures réseau MIR3 a également développé, dès novembre dernier, une interface Web adaptée aux iPhone et iPod Touch.
Enfin, au mois de décembre dernier, Avaya indiquait avoir adapté son client one-X Mobile pour l’iPhone, autorisant, depuis l’appareil, les conférences téléphoniques, les transferts d’appel, la numérotation abrégée et la gestion des communications via les PABX d’entreprise. One-X Mobile pour iPhone est attendu d’ici la fin du premier semestre. De son côté, HyperOffice a lancé fin janvier dernier un bêta test public de ses outils collaboratifs, adaptés à l’iPhone.
Sécurité : des inquiétudes exagérées ?
Autre point ayant concentré l'attention des DSI : la sécurité de l'engin. L’été dernier, Macworld a mené l’enquête, concluant à l’exagération de ces préoccupations. Andrew Jaquith, analyste spécialiste de la sécurité au Yankee Group, relevait notamment que les principales critiques provenaient de sociétés spécialisées dans la sécurité informatique. Et d’y aller de ses recommandations pleines de bon sens : activer SSL sur les connexions IMAP, utiliser L2TP/IPSec pour les accès VPN, ou encore exploiter des ports TCP non standards.
Pas très inquiètes, une bonne part des entreprises américaines songeraient d’ailleurs à s’équiper en iPhone, si l’on en croit le sondage de ChangeWave de février dernier : 11 % des entreprises sondées envisageraient de se tourner vers le terminal d'Apple, contre 77 % en Blackberry et 8 % en Treo de Palm.
Encore des lacunes en gestion de flotte
Pour autant, les annonces d’Apple relatives aux futures fonctionnalités de l’iPhone continuent d’alimenter des interrogations, et tant pis si Orange et AT&T ont déjà conçu des offres commerciales pour les professionnels. Ainsi, les applications développées avec le kit de développement pourront-elles fonctionner en tâche de fond ? Selon Apple, il n’en est pas question pour le moment. Sera-t-il possible de développer une application personnalisée et de la déployer sur un parc d’iPhone sans demander la bénédiction d'Apple ? A priori, non, en raison d'un passage obligé par l’outil d’installation d’application d’Apple. Un outil de gestion de parc d’iPhone est-il d’ailleurs prévu ? Pas plus.
Surtout, l’incapacité d’Apple à protéger correctement son iPhone des bidouilleurs soulève la question de la sécurité des données qu’il contient, en cas de vol ou d’oubli de l’appareil par son utilisateur. Certes, les dispositifs de sécurité de Symbian Series 60 auraient récemment été cassés, mais c’est bien depuis le lancement de l’iPhone qu’Apple fait l’objet de pieds de nez répétés des « hackers ». Du coup, l’impossibilité de commander à distance l’effacement des données contenues par l’iPhone peut effectivement rebuter plus d’un spécialiste de la sécurité. C’est d’ailleurs le cas de John Girard, du cabinet Gartner. Encore quelques arguments convaincants pour résister aux pressions des cadres les plus technophiles.