Visioconférence : le choc pétrolier comme électrochoc ?
Quelques vertus du 3ème choc pétrolier commencent à se faire jour en dépit des difficultés de court terme. Côté IT, la flambée actuelle pourrait être l’occasion d’une généralisation des technologies de collaborations distantes, dans un contexte déjà favorable au GreenIT. A condition que l’offre évolue vers plus d’interopérabilité. Et que les décideurs intègrent le coût des transports à leur réflexion sur le système d’information.
D’une crise l’autre, l’impact n’est pas le même pour les investissements IT. Autant celle des subprime a déjà un impact négatif, autant celle liée au 3ème choc pétrolier pourrait être le moteur d’un regain d’attention pour certaines technologies de type outils collaboratifs de communication. En fait il s’agit surtout d’apporter de l’eau au moulin du Green IT, nous confirme Scott Morrisson, vice-président de la recherche de Gartner, pour qui « le prix du pétrole vient s’ajouter à la réflexion d’entreprises déjà sensibles à la problématique écologique». De fait, c’est l’ensemble des process informatiques qui sont appelés à être audités sous l’angle du développement durable dans les prochains mois. Et ce, pour l’ensemble des grands et moyens comptes.
Au-delà du coût un enjeu écologique
Wainhouse Research, cabinet d’étude spécialiste des outils de communication, affirme de son côté que « la recherche d’alternatives aux coûts liés aux voyages - à travers notamment les téléconférences - se développe en Europe ». Au delà des transports, la dimension écologique et l’optimisation de la productivité individuelle sont les éléments clés de cette progression.
Mais, selon Scott Morrisson, il reste du chemin à faire avant de voir les organisations adopter massivement des technologies qui demeurent largement des niches. Sur le haut de gamme, les services de téléprésence connaissent un taux d’utilisation très bas, et ce en dépit de l’augmentation des coûts du transport. « On a toujours un taux d’utilisation de 7% sur le million de salles de vidéoconférence dans le monde. Soit 45 minutes par jour. Et 90% des employés n’utilisent pas ces solutions », rappelle Scott Morrisson.
Si la crise pétrolière va obliger les directions à revoir leur position et à accélérer l’adoption de ces solutions, le changement de mentalité devrait prendre du temps. Par contre, pour les solutions directement liées au poste de travail, les choses pourraient aller bien plus vite. En fait, selon Scott Morrisson « le grand démarrage viendra de l’interopérabilité de toutes les solutions : salles de téléprésence, conférences online via le poste de travail ou encore solutions vidéos nomades liées aux offres des opérateurs mobiles ». En clair, les réponses techniques ne sont pas encore suffisamment globales et satisfaisantes pour devenir un choix stratégique remettant en cause les modes de relations entre collaborateurs, notamment au niveau des directions.
La pression de la base
Néanmoins chez Webex, l’un des acteurs historiques du secteur, on confirme une croissance importante du secteur, notamment en Europe, conduite par les problématiques écologiques et surtout par la réflexion sur la productivité. Mais Kate Milner, directrice du marketing EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) de WebEx, explique n’avoir « enregistré aucun retour spécifique de clients lié à la flambée du prix du baril de pétrole ». Trop tôt. Mais à l’échelle des salariés les interrogations existent. Fin 2007, Webex montrait dans une étude qu’« en Grande-Bretagne, 50% des employés estiment que leur entreprise n’agit pas assez pour réduire les émissions de carbone, une conviction partagée par 33% des employés allemands. Et, en France, ils sont 46% à trouver que leur entreprise ne prend aucune mesure en faveur de l'environnement. »
Reste qu’au Royaume-Uni, 12% seulement des salariés déclarent avoir essayé les web-conférences, tandis que seulement 6% l’utilisent régulièrement pour éviter les déplacements et voyages d'affaires. En Allemagne, 28% des salariés souhaiteraient utiliser des alternatives technologiques aux voyages d'affaires, comme la web-conférence. Enfin, 73% des travailleurs français pensent que le travail à domicile - ou télétravail - pourrait contribuer à réduire la pollution liée aux déplacements domicile / travail. Ils n’attendent plus que les investissements et solutions techniques globales et unifiées pour s’y mettre.