Stratégie : Diane Green limogée, une période de doutes s'ouvre chez VMWare
En s'offrant la tête de Diane Greene, la CEO de VMWare, Joe Tucci, le patron d'EMC satisfait sans doute son ego et jette en pâture à la communauté financière une femme qu'il juge responsable de la baisse de près de 60% du cours de VMWare au cours des derniers mois. Mais Tucci ouvre aussi une période de trouble chez l'éditeur. Greene et son mari, sont en effet les deux principaux architectes du succès de VMware. Et nul ne sait comment se comportera l'éditeur sans leur expertise...
Mais quelle mouche a donc bien pu piquer Joe Tucci? Alors que Microsoft vient de lancer Hyper-V et que la concurrence se renforce sur le marché des hyperviseurs avec la montée en puissance de produits comme XenServer, mais aussi l'arrivée prochaine d'xVM Server chez Sun, le patron d'EMC vient de jeter un froid en limogeant Diane Greene, la CEO et co-fondatrice de VMWare.
Motif officiel de l'éviction : Greene n'a pas tenu les objectifs annoncés. L'excuse est fine. Certes Greene venait d'annoncer que VMware n'atteindrait pas les objectifs fixés, mais pas de quoi mettre en péril la société. Ainsi, au lieu d'une croissance légèrement supérieure à 50% pour son exercice fiscal, la firme prévoit désormais, un chiffre légérement inférieur à 50%. Pas mal, pour une société dont le CA est déjà supérieur à 1Md$ et qui opère dans une économie qui entre en récession. En fait, ce n'est pas un mystère que le courant n'est jamais vraiment passé entre un Tucci, réputé pour son flair stratégique et sa redoutable efficacité de manager, et Greene, une ingénieur dont le côté « geek » et pointilleux ont souvent agacé à Hopkington, le siège d'EMC. Reste qu'à l'heure où la menace Microsoft se précise, le timing de Tucci ne pouvait être plus mauvais. D'autant qu'une autre inquiétude se profile à l'horizon : le "Chief Scientist" de VMware et son gourou technologique, Mendel Rosenblum, n'est autre que le mari de Diane Greene et on le voit mal rester durablement au sein d'une société qui vient de débarquer sans ménagement son épouse. Bref , pour des querelles d'ego, Tucci pourrait bien avoir perdu les deux grands visionnaires et co-fondateurs de VMWare
La seule consolation, sans doute, est le nom du successeur de Greene. Paul Maritz, est un ex-de Microsoft qui a piloté la stratégie plates-formes systèmes et outils de développements de Microsoft au début des années 2000. Maritz est notamment crédité de nombre des efforts de Microsoft autour de Windows 95, qui a définitivement assis la position de leader mondial des OS de Microsoft, et autour de Windows NT, le système d'exploitation de nouvelle génération qui, avec son successeur, Windows 2000, a imposé les plates-formes de Microsoft au coeur des datacenters d'entreprise (au détriment notamment d'IBM et de Novell).
Ce chercheur en informatique, qui a notamment travaillé sur les outils de développement chez Intel avant de rejoindre Microsoft, ne devrait pas être trop déboussolé par la culture profondément technique de VMWare. Il ne devrait pas non plus avoir de problèmes à s'entendre avec les grands partenaires de l'éditeur.
Interrogé à ce sujet par LeMagIT lors d'une visite des laboratoires d'HP à Palo Alto, Scott Stallard, le patron de la division serveurs et stockage d'entreprise d'HP nous confiait ainsi bien connaître Maritz. Sans se prononcer sur les manœuvres en cours chez VMWare, il ajoutait toutefois : « EMC cherchait une personne avec des talents opérationnels pour remplacer Greene ». Dans ce domaine, on voit mal comment Maritz pourrait faire beaucoup mieux que Greene, surtout avec l'arrivée de Microsoft sur le secteur...