Windows 7 : la stratégie du buzz
Continuer à pousser Vista, tout en faisant rêver avec Windows 7. C'est cette position inconfortable que tente d'adopter Microsoft. D'autant plus périlleux que, technologiquement, Windows 7 apparaît très proche de... Vista.
Alors que Vista est encore tout frais, et qu'il peine toujours autant à s'imposer auprès d'utilisateurs nostalgiques de XP, Microsoft a subtilement fait glisser une partie de son marketing vers le successeur de son OS maudit, Windows 7. Au printemps déjà, Bill Gates et Steve Ballmer, invités de la conférence All Things Digital organisée par le Wall Street Journal, avaient déjà fait la promotion du futur logiciel, attendu pour 2010 (ou peut-être même avant), auprès des médias américains.
En début de semaine, les deux responsables du projet, Jon DeVaan et Steven Sinofsky, ouvraient un blog, d'ailleurs traduit en français, pour tenir le public en haleine. Avec la volonté visible d'en faire une sorte de chronique du projet et déjà trois billets publiés. Dans le dernier, Steven Sinofsky y décrit par exemple la structure chargée du développement du futur OS et son organisation. Un projet pharaonique réunissant pas moins de 25 équipes différentes concentrées sur un ensemble de fonctionnalités ou de services et comptant en moyenne 40 développeurs chacune.
Linux : des signaux d'alerte
Cette façon d'entretenir le buzz autour d'un projet dont l'échéance est encore lointaine apparaît comme un moyen pour l'éditeur de maintenir l'intérêt pour la plate-forme Windows. Même si Microsoft n'a pas renoncé à redorer le blason de Vista - en signant hier par exemple un contrat pour des publicités avec l'humoriste américain Jerry Seinfeld -, il s'agit de continuer à faire rêver l'industrie et les utilisateurs.
Notamment pour éviter de laisser trop de champ libre à Mac OS X, qui connaît un regain d'intérêt dans les entreprises américaines, ou - pire - à Linux. De de ce côté, les alertes se multiplient. De nombreux netbooks (portables low-cost), secteur en vogue, reposent sur une distribution de l'OS libre. D'autre part, pour le renouvellement de sa gamme de portables Latitude, Dell, pourtant jusqu'à récemment allié indéfectible du couple Intel-Microsoft, a sorti de nouvelles machines disposant d'un mode de démarrage rapide pour lequel le constructeur s'appuie sur Linux.
Très proche du code de Vista
Le bourbier Vista, doublé de ces petits signes inquiétants, pourrait donc conduire Microsoft à accélérer le lancement de Windows 7. Ou tout au moins à tenter de faire monter la mayonnaise marketing très en amont de la disponibilité du produit. Dans une interview à Computerworld au printemps, Bill Gates avait d'ailleurs évoqué l'échéance de 2009 pour la sortie de Windows 7. Et non 2010. Reste à savoir ce qu'il y aura sous le capot. Un point qui n'a pas encore été évoqué sur le blog consacré au projet.
[Un avis sur la migration de XP à Vista ? répondez à notre grande enquête sur le sujet.]
En réalité, on s'attend à une version proche du code de Vista - ce qui laisse augurer des améliorations avant tout ergonomiques ou cosmétiques -. Tout juste Microsoft a-t-il confirmé pour l'instant la gestion multipoint des écrans tactiles dans son futur OS. Pas vraiment une révolution.
Windows 7 Serveur : juste une "release" de la version 2008
Dans son billet, Steven Sinofsky, l'ex responsable des développements d'Office, laisse d'ailleurs entendre que le projet s'inscrit dans la continuité de Vista. Il explique que les critiques ou commentaires suggérant que le futur OS devrait abandonner certaines fonctions ou qu'il devrait être redéveloppé entièrement sont naïves. Et Sinosky de comparer ces idées à une scène du film Amadeus "quand l'Empereur suggère que le Mariage de Figaro contient trop de notes". Technologiquement, les deux OS devraient être si voisins, que la version serveur de Windows 7 s'appellera... Windows Server 2008 R2 (voir la roadmap ci-dessous). Ce qui signifie, si on s'en réfère aux habitudes du premier éditeur mondial en termes de dénomination, bien peu de nouvelles fonctions.
Microsoft s'est engagé à lever un peu plus le voile sur son futur OS lors de la Professional Developers Conference, en octobre prochain. Inutile de dire qu'après le flop de Vista, toute nouvelle déception des attentes des utilisateurs et de l'industrie paraît interdite au numéro un mondial.