Business Intelligence : les nouveaux entrants se précipitent vers l'eldorado français
Jedox, Jaspersoft, Tagetik : les nouveaux noms fleurissent les champs du décisionnel français. Maturité des entreprises, opportunités liées à la consolidation, terre d’accueil de l’Open Source : les arguments ne manquent pas pour attirer de nouveaux éditeurs de Business intelligence. Preuve que le dynamisme historique du marché français sur ce segment ne se dément pas.
La France est-elle l'eldorado rêvé pour les éditeurs de solutions décisionnelles ? Terre d'origine de Business Objects – longtemps leader du secteur avant que la consolidation très forte dans le top 5 ne vienne le pousser dans les bras de l'allemand SAP – la France accueille depuis quelques semaines trois éditeurs supplémentaires. Tous venus faire leur trou sur un marché fraîchement recomposé et où l'Open Source joue les alternatives.
De fait, deux des nouveaux venus se réclament du monde libre. Jaspersoft – le premier – en est même le fer de lance dans la Business intelligence. Et s'il est déjà commercialisé dans l'Hexagone, l'ouverture d'un premier bureau parisien devrait permettre un développement plus important encore. Open Source toujours avec l'Allemand Jedox – spécialiste de l’analyse à partir de consolidation et d'exploitation de données Excel – qui tente lui aussi une percée. Logique propriétaire, mais puissante enfin avec l'Italien Tagetik, l'un des leaders transalpin, qui compte bien profiter des déçus de la consolidation en jouant sa carte de spécialiste.
Surtout que le marché est florissant. Le cap des 2 milliards d’euros de CA réalisé par les éditeurs d’outils décisionnels devrait être franchi en 2009, selon Pierre Audoin Consultants qui livrait au mois de juin sa première étude post-concentration.
Pour Dominique Donné, patron de Jedox pour l'Hexagone, « la France est un marché très dynamique pour la BI mais surtout pour tous les outils Open Source. En Allemagne, d’où vient Jedox, les entreprises ont beaucoup plus peur et se tournent plutôt vers de grosses marques installées, quitte à payer plus cher ». Un argument récurrent qui nous faisait titrer il y a quelques semaines à peine « Open Source : la leçon française à l’Amérique ».
Pour Jedox la France est ainsi la première destination hors Allemagne, mais était déjà dans la tête des concepteurs avant même leur marché historique. « Pour nous, c’était la priorité même si l’on songe à ouvrir d’autres bureaux à Londres ou dans le Nord des Etats-Unis par exemple », précise Dominique Donné. Comme nombre d’éditeurs Open Source, Jedox compte tout à la fois sur un réseau de partenaires intégrateurs – au premier rang desquels la SSII Smile – et sur ses propres services pour se développer. « Difficile de savoir quel est notre niveau d’implantation car le module de base de Palo (l’outil développé par Jedox) est bien sûr gratuit. Mais ce qui est sûr, c’est que notre site web reçoit un trafic très important en provenance de la France ».
Mêmes causes, mêmes effets pour Jaspersoft qui vient de prendre la décision d’ouvrir une filiale à Paris. Une manière de répondre à la demande française croissante pour l’éditeur leader du décisionnel en Open Source. Un éditeur pourtant déjà installé en Europe avec des bureaux en Irlande, en Italie, en Roumanie et en Ukraine. Jaspersoft est d’autant plus avancé que de spécialiste du reporting, il a basculé vers la plate-forme de BI avec Jasper Intelligence.
Selon Jaspersoft, « l’équipe est aujourd’hui constituée d’ingénieurs, de commerciaux, de professionnels du marketing, du support technique et du conseil ». Au cours des douze derniers mois, les effectifs de Jaspersoft en Europe ont plus que doublé.
Brian Gentile, PDG de l’éditeur, explique que « l’Europe continue d’être le continent où nous enregistrons le nombre de téléchargements le plus élevé ». Et d’ajouter que « dans l’univers des logiciels Open Source, le marché européen a toujours fait figure de pionnier, notamment dans les administrations et les universités. Une tendance qui gagne également d’autres segments de marché, et notamment les moyennes et grandes entreprises. »
Pour l'Italien Tagetik, seul éditeur parmi les trois nouveaux venus à jouer la carte du propriétaire, le choix d’ouvrir une filiale en France n’est pas non plus neutre. Spécialiste de la consolidation financière, l’éditeur est présent dans de nombreux pays européens au travers de revendeurs-intégrateurs. Mais, là encore, la France a visiblement constitué une opportunité spécifique en terme de développement. Même si la dimension propriétaire du produit peut donner le sentiment de « déjà vu » en terme de choix économique. Tout en faisant également craindre le spectre du rachat à une clientèle utilisatrice peut-être échaudée par la vague de 2007 qui a vu la plupart des éditeurs spécialisés se faire avaler par les mastodontes du secteur.