GFI : nearshore au Maroc et offshore en Inde sont complémentaires

Présent sur le marché local depuis plusieurs années, GFI a musclé sa filiale marocaine d'un centre de services offshore dans le cadre de sa réorganisation. Initialement focalisé sur des activités classiques de centre offshore (développement, tests, recette), le centre s'étend à la R&D pour l'activité logicielle de GFI et lorgne vers le BPO. Pour muscler son offre offshore sur de grands contrats, GFI mise par contre sur des partenariats avec des SSII indiennes.

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Présent au Maroc à l'origine pour cibler le marché local et les pays francophones d'Afrique (avec par exemple 300 clients dans le Royaume chérifien), GFI y a développé depuis plusieurs mois une activité de centres de services offshore. Un virage qui s'inscrit dans la volonté de la SSII de casser son organisation en agences pour mettre en place un outil de production plus intégré, reposant sur des centres de services travaillant pour l'ensemble des forces commerciales du groupe. Un changement de cap matérialisé par le déménagement de la filiale locale sur le parc Casanearshore, une des zones dédiées à l'offshore mises en place par le gouvernement marocain. GFI a d'ailleurs été la première société à s'installer sur le parc.

"Ce centre de services, qui doit monter à 150-200 personnes en fin d'année, s'intègre à notre stratégie industrielle", confirme Vincent Rouaix, le nouveau Pdg du groupe qui a récemment pris la succession du fondateur de la SSII, Jacques Tordjmann. Mobilisé soit par les centres français de services (comme celui de Lille) ou par les agences commerciales, l'implantation de Casablanca peut aussi, selon Vincent Rouaix, s'intégrer avec des partenaires indiens. Présent sur le nearshore, GFI envisage en effet de se positionner sur des dossiers comportant d'importants volumes de prestations délocalisées via des consortiums avec des acteurs du sous-continent. "Depuis quelques mois, ces acteurs sont engagés dans une vraie démarche de partenariat avec des sociétés comme GFI, car elle ne parviennent pas à percer seules sur le marché hexagonal, détaille le Pdg que nous avons croisé à Casablanca lors de notre reportage sur place. Pour GFI, ce type de partenariat nous permet de qualifier notre démarche industrielle, de faire monter notre front office en puissance en amenant nos équipes françaises notamment sur des prestations à plus forte valeur ajoutée et sur des contrats plus ambitieux".


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Déporter d'autres prestations vers Casablanca

Pour l'instant, le centre est avant tout spécialisé dans le développement, les tests unitaires et la recette. Plusieurs très grands comptes français figurent parmi les clients de ce centre. Notamment BNP Paribas, que GFI a accompagné dans la création de son propre centre dans le Royaume. La banque est aujourd'hui présente elle aussi sur la zone de Casanearshore, tout en restant cliente de la SSII. "Et nous examinons comment déporter sur le centre de Casablanca d'autres opérations aujourd'hui prises en charge dans nos autres centres en France", précise Vincent Rouaix. Un leitmotiv chez la plupart des SSII en cette période de crise : mis sous pression par des donneurs d'ordre qui veulent - et obtiennent - des baisses de coûts, les prestataires voient la délocalisation croissance de leurs activités un moyen de préserver leurs marges.

 
Pour Steria, un îlot francophone dans un outil industriel au barycentre indien
Pour s'installer au Maroc, Steria a choisi la voie du partenariat avec un acteur local. Début 2008, la SSII a inauguré son centre baptisé Medshore, monté en association à 50-50 avec le groupe marocain FinanceCom, un important conglomérat marocain présent dans la banque (BMCE Bank), l'assurance et les télécoms. Installé à Casanearshore depuis novembre dernier, le centre de services sert à la fois les besoins de FinanceCom et des clients de la SSII. "Medshore vient compléter nos centres de services en France, notre plate-forme de supervision de Katowice (Pologne) et nos implantations en Inde", explique Olivier Coreau, directeur de l'offre offshore de Steria en France, qui ajoute que la localisation de la plate-forme offshore pour tel ou tel contrat dépend de la "maturité" du donneur d'ordre. "La méthode Xansa (la SSII anglaise qu'a rachetée Steria lui amenant sa présence actuelle en Inde, 5 600 personnes) a été déployée ici. Pour un projet, il n'y a opérationnellement qu'une seule équipe et un seul chef de projet même si les consultants sont répartis entre différents centres dans le monde", précise Olivier Coreau. Spécialisé sur les prestations applicatives comme la TMA et le développement (Katowice ayant été retenu pour le BPO francophone), Medshore compte aujourd'hui 120 personnes. "L'objectif reste le même qu'au lancement : faire monter ce centre à 500 personnes d'ici à 2012", ajoute Samir Guerraoui, directeur général de Steria Medshore.
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L'activité nearshore de la SSII s'ouvre aussi peu à peu à des développements fonctionnels. Notamment pour les propres logiciels de GFI (la SSII a aussi une activité d'éditeur). "Pour adapter nos logiciels au RSA (Revenu de solidarité active), tous les développements ont été effectués au Maroc", explique par exemple la société. Selon elle, une journée de développeur sur place revient à 160 euros, contre près de 300 en France. "L'opération est donc rentable même si la phase de spécification est de 25 à 30 % plus longue", explique un porte-parole de la société. GFI compte aujourd'hui 220 personnes sur la R&D logicielle en France, et seulement une trentaine au Maroc. Mais l'objectif affiché par la société est de transférer 70 % de cette activité dans le Royaume. "La qualité fournie sur place est la même qu'en France, alors que nous avions arrêté une expérience en Roumanie voici quelques années pour cette raison. En France, nous ne garderons que les profils d'experts métier", explique un responsable de ce chantier. Un transfert qui passe par la formation des salariés marocains aux aspects fonctionnels des logiciels du groupe (applications pour collectivités locales, gestion des temps, etc.).

Cap sur le BPO

En dehors de ces besoins internes, GFI lorgne également vers le BPO. "La stratégie consiste à introduire des spécialisations métier dans nos offres, pour viser à terme des contrats mélangeant métier et technologie, explique Vincent Rouaix. Les donneurs d'ordre sont aujourd'hui focalisés sur les coûts. Il serait dommage de limiter notre réponse à l'industrialisation de nos métiers. La spécialisation métier nous permettra d'aller plus loin."

Selon Saloua Karkri-Belkeziz, la directrice générale de GFI Maroc, ce mix entre besoins internes, marchés locaux et prestations offshore constitue un atout pour la gestion des équipes. "Disposer d'une présence sur place nous donne plus de possibilités pour la gestion de carrières de nos collaborateurs", explique-t-elle. Selon elle, en 2008, le turnover de GFI Maroc a été contenu à 4 %, un chiffre très inférieur à la moyenne locale.

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