L'état du monde IT : 2009, déjà la fin du plein emploi dans l’informatique en France ?
Croissance continue de l'Offshore, pression sur les salaires, le tout sur fond de tension entre les partenaires sociaux et de désir d'entreprises parfois très rentables de profiter d’effets d’aubaine. 2009 aura vu monter les craintes des informaticiens français face aux développement de l'offshore et marquera sans doute un virage dans l’emploi du secteur IT en France et dans le monde. Pour le pire ?
-0,67% ! Pour la première fois depuis juin 2008, les chiffres du chômage des informaticiens français ont marqué un léger recul en novembre. Avec plus de 29 000 salariés du secteur IT sans emploi, le niveau du chomage dans le secteur reste toutefois à un niveau élevé (5,8%), même si la croissance du nombre d’informaticiens sans emploi semble être provisoirement enrayée. Reste que l’année 2009 demeurera comme une nouvelle période de crise pour la profession, moins longue que celle du début des années 2000 mais extrêmement violente et surtout porteuse de doutes profonds quant aux possibilités de reprise.
Une croissance continue et une explosion durant l’été
Depuis septembre, le nombre d'informaticiens à la recherche d'un emploi avait progressé à un rythme galopant, avec un paroxysme en octobre dernier à 6% de la profession sans emploi. Surtout, et c'est un indicateur des tensions fortes sur le marché de l’emploi informatique salarié, depuis un an, 6 600 postes ont été supprimés dans les services informatiques, 6 600 dans les télécoms et 9 500 dans la fabrication de produits informatiques ou optiques selon l’Insee. Sur le plan général, ce sont 80 700 emplois salariés qui ont été détruits au 3ème trimestre dans le secteur marchand. Par rapport à septembre 2008, l'économie française a même perdu 408 600 postes, principalement dans l'industrie et l'intérim, selon l'Insee. Non seulement le chômage gonfle mais des emplois semblent réellement perdus.
La plupart des grands noms ont mis en place leurs plans de licenciements
Difficile en effet de croire que tous les postes supprimés profiteront d’une reconduction au moment de la reprise quand on sait qu’au cours de l’exercice 2009 toutes les entreprises du secteur auront licencié, parfois avec pour seule considération de soutenir leur cours de bourse alors même que leurs marges voir leurs bénéfices n’étaient que peu altérés. Au niveau mondial Microsoft – pour la première fois de son histoire – mais également IBM, Oracle, HP, Dell, Lenovo et même Google, des sociétés pour l'essentiel très bien portantes auront procédé à des vagues de licenciements massives, des licenciements qui sont venus s'ajouter à ceux de sociétés en difficulté comme Nortel,Alcatel ou dans une moindre mesure STMicro
En France des discussions tendues au printemps autour du chômage partiel
Et quand les postes n’ont pas été détruits des politiques restrictives ont été mises en place. En France, un modèle social spécifique oblige à réfléchir à deux fois avant de procéder à des plans massifs de licenciements, souvent long et coûteux. Prenant la roue des sociétés de conseils qui ont cherchés à se prévaloir des dégâts collatéraux causés par la crise dans le secteur automobile, Syntec Informatique a cherché coûte que coûte à négocier un dispositif de chômage partiel. En vain. Les négociations entre Syntec et les syndicats CFDT et CGT ont été rompues le 22 avril. Dans un communiqué commun, les deux syndicats dénoncaient « l’intransigeance » d’un patronat accusé de chercher à négocier un accord global incluant les SSII, là où la CFDT et la CGT voulaient parer aux plus pressé en concluant un accord limité aux prestataires de l’automobile, alors les plus gravement touchés par la crise économique.
Les salaires forcément altérés
Du côté de HP France, on a carrément proposé une baisse de salaires aux salariés. Une politique dictée par la volonté de la maison-mère mais fondée, dans l’Hexagone, sur le volontariat, cadre législatif oblige. N’empêche, au delà de ce cas particulier c’est l’ensemble de la politique salariale dans l’IT qui a subit l’influence de la crise et de la tension sur le marché de l’emploi. Le salaire moyen à l’embauche – l’une des unités de mesure les plus surveillées – s’établissait à 35 000 € en 2008, en stagnation. Il n’y a que peu de chances de le voir progresser en 2010 après une année 2009 en berne.
Fin novembre LeMagIT vous proposait les résultats de son étude annuelle sur les salaires de la profession. Et pour la seconde année une conclusion s'est imposée : les informaticiens sont pessimistes quant à l’évolution de leur rémunération. Mais, cette fois, la crise est passée par là. Résultat : une démobilisation générale, une priorité donnée aux stratégies individuelles et surtout la crainte de l'offshore qui monte.
La sortie de crise et le risque Offshore
Car cette fois, la sortie de crise pourrait surtout voir le développement d’opportunités d’emploi… à l’étranger. De nombreux analystes estiment que le recours à l’offshore a de beaux jours devant lui en France, d'autant que la pression budgétaire reste constante sur les DSI.
Le marché français a apprivoisé ce phénomène avec retard par rapport aux Etats-Unis ou à l'Angleterre, et semble profiter du contexte de récession ou de croissance molle pour s’y intéresser. Certes, en 2009, le taux de croissance de l’offshore s’est légèrement réduit, mais il reste toujours au dessus de 30 % en rythme annuel. Ainsi, pour 2009, Frédéric Giron, directeur des études de Pierre Audoin Consultants, évalue la part de l'offshore "entre 6 et 7 %" du marché des services informatiques en volume de chiffres d’affaires.
2010 devrait confirmer les tendances observées en 2009 avec un chômage qui se développe lentement ou – au mieux – qui stagne, et une reprise faible en valeur profitant aux activités délocalisées en Inde, dans les pays d’Europe de l’Est et au Maghreb.
La dernière étude publiée par l’Apec ne dit d'ailleurs pas autre chose. Concernant les recrutements de cadres, elle prévoi, que la fonction informatique ne représentera en France que 10 % des embauches sur la période juillet 2009 / juin 2010, contre 13 % entre juillet 2008 et juin 2009. Durant les exercices précédents, la part de la fonction informatique était supérieure à 20 %.
Une année de crise de l’emploi en France et dans le monde avec LeMagIT en 30 articles
Décembre
Plus de 13 000 emplois détruits dans l’informatique et les télécoms en un an
Novembre
Après avoir minimisé la crise, Syntec Informatique ne prévoit plus qu'une reprise molle en 2010
Le chômage des informaticiens toujours en hausse aux Etats-Unis
Enquête LeMagIT : les informaticiens toujours plus pessimistes sur leurs salaires
6 % des informaticiens sont au chômage en octobre 2009
La crise provoque des dommages irréversibles sur l’emploi aux Etats-Unis
Octobre
Près de 50% d’informaticiens supplémentaires au chômage depuis un an
Salaire moyen à l’embauche dans les SSII : 35 000 € en 2008
Septembre
Emploi : été meurtrier pour les informaticiens, toujours plus nombreux au chômage
Août
+ 6 % : brutale accélération du nombre d’informaticiens au chômage en juillet
Juillet
40% d’informaticiens supplémentaires au chômage en un an
Juin
Gestion des intercontrats en SSII : vers une extension des mesures non conventionnelles ?
Toujours plus d’informaticiens au chômage en mai et les nuages s’amoncellent
Chiffres Dares : 23 400 informaticiens au chômage en avril 2009
Mai
Le chômage augmente encore, les informaticiens ont tout à craindre
Salaires : les informaticiens américains bien mieux payés que les Français
Avril
Echec des négociations entre Syntec et syndicats sur le chômage partiel
Emploi : 5 % des informaticiens au chômage dès le mois de juin ?
Mars
Exclusif : face à la crise, les services rêvent de transformer l'intercontrat en chômage partiel
Chômage partiel : Alten renvoyé dans les cordes
Altran au ralenti parle de chômage partiel et de mobilité
HP France propose une baisse illimitée des salaires sans garantie sur l’emploi
Février
+7% de chômeurs dans l’informatique au dernier trimestre 2008
Le chômage continue de grimper chez les informaticiens, +5% en un mois
Le chômage US enfle encore, l’immigration IT contestée
Licenciements : IBM propose des reclassements dans les pays émergents
Offshore en France : la délocalisation en Inde en croissance rapide
Janvier
Renault remercie des prestataires techno en R&D et lorgnerait vers la Roumanie
Microsoft au ralenti, mais très profitable, remercie 5 000 salariés
Licenciements massifs : après Microsoft, la rumeur enfle chez IBM