Décisionnel : Avec Netezza IBM marque Oracle à la culotte
C’est désormais une habitude : IBM vient d’honorer le marché d’un gros achat dans l’analytique, le 4ème en 4 ans. Avec Netezza, Big blue ajoute une corde à son arc jusqu’à présent orienté services et approche métier : celle des appliances. Une manière surtout de répondre à Oracle, très ambitieux sur ce marché et qui jouit désormais de l’apport de Sun.
Et de 12. Depuis le rachat de Cognos en 2007, IBM aura investit 12 milliards de dollars en croissance externe – avec un rachat d’envergure par an - pour devenir l’un des gros de la Business Intelligence. Ou plutôt dépasser ce dernier concept pour promouvoir sa vision en forme de « Business Analytics ». Une approche censée intégrer plus de services mais surtout amener l’offre vers plus de pilotage par la prédiction et moins d’instantanés de l’historique de l’entreprise, symbolisés par les fonctions de reporting des outils d’aide à la décision.
La tentation de l’appliance
Avec Netezza acquis en début de semaine pour 1,7 milliards de dollars, IBM veut surtout et plus prosaïquement contrer Oracle et sa stratégie du tout intégré sous forme d’appliance rendue évidente et potentiellement puissante par les rachats d’Hyperion côté BI et plus récemment de Sun pour ce qui est du matériel.
Jusqu’alors marché de niche sur lequel Netezza et Teradata se concurrencés, les appliances BI ont le vent en poupe comme le confirmait en début d’année dans une tribune publiée sur LeMagIT Jean-Michel Franco, Directeur solutions chez Business & Decision. Il expliquait alors « le rachat de Sun par Oracle [est] la plus spectaculaire des ruptures surprenantes sur ce marché ; mais il y a eu aussi l’inattendu retour de HP sur le marché des bases de données avec Neoview, le rachat de Datallegro par Microsoft ou encore le co-développement entre Intel et SAP débouchant sur une appliance baptisée BW Accelerator ».
Netezza est l’acteur historique de ces appliances de datawarehouse et IBM espère pouvoir exploiter cette image de leader et de spécialiste pour doper encore un peu plus la croissance du chiffre d’affaires – 200 millions d’euros pour Netezza en 2009. La société devrait intégrer le vaste dispositif d’IBM consacré au décisionnel qui repose déjà sur Cognos (racheté en 2007), Ilog (acquis en 2008) et SPSS (qui a rejoint IBM contre 1,2 milliard de dollars durant l’été 2009). IBM voit les choses en grand et revient régulièrement sur cette approche, par la voix de son PDG Sam Palmisano, qui a fixé pour objectif 16 milliards de dollars de revenu annuel dans le « Business Analytics » d’ici à 2015.
Un marché porteur qui se consolide toujours
Pour l’instant, les acteurs du marché poursuivent un peu plus leur consolidation. SAP - le leader - a fait le choix du classique misant tout sur une approche 100% applicative autour de son offre PGI (même si l’éditeur allemand s’intéresse depuis peu timidement aux aspects « matériels ») et en s'ppuyant sur le leadership historique de Business Objects, le groupe d’origine française racheté en 2008. Oracle prenait le même chemin - avec Hyperion, spécialiste également racheté - avant que l’acquisition de Sun, il y a un an ne vienne très fortement modifier la physionomie du groupe, qui parie désormais sur l’approche du tout intégré en appliance (Oracle avait toutefois testé le concept d'appliance intégré en développant la première version d'Exadata sur base de serveurs HP). SAS – lenuméro trois du marché – et surtout le dernier grand acteur indépendant du secteur a quant à lui marqué le pas en 2009, avec une croissance en deçà de la moyenne. Tout le contraire d’IBM, 4ème fournisseur sur le seul segment BI, dont l’activité s’est fortement développée et qui mise désormais sur son potentiel sur toutes les lignes (matériels, logiciels, services) pour apparaître comme le seul acteur vraiment global.
Prochain enjeu de taille : la mise à disposition de l’ensemble des offres en mode Saas. Une bascule qui semble plus que titiller les utilisateurs. Selon une étude Forrester publiée en juin dernier, 41% des décideurs interrogés souhaiteraient ainsi se débarrasser de la gestion - en interne - de leurs outils BI pour les déporter sur le cloud.