Quelle place pour Windows Mobile en entreprise ?
Nicolas Petit, directeur de la division mobilité de Microsoft France, fait avec nous le point sur la place de Windows Mobile dans les entreprises françaises. Et d’évoquer les évolutions en cours et à venir de la plateforme, ainsi que des mentalités des opérateurs mobiles partenaires de l’éditeur.
LeMagIT : Quelle est la part de marché de Windows Mobile dans les entreprises françaises ?
Nicolas Petit : Dans les entreprises françaises, il y a principalement deux acteurs, Microsoft et RIM. Nokia a arrêté IntelliSync. Il y a bien une petite pression de l’iPhone, mais elle se fait au détriment de RIM. Chez Orange, Windows Mobile est leader.
Sur la base des volumes globaux fournis par les cabinets d’analystes, des nôtres et de ceux annoncés par RIM, on estime notre part de marché à 60/65 %, contre 35 % pour RIM. En termes de base installée, selon Canalys, RIM détiendrait 50 % du marché français, environ, au premier trimestre 2008.
Sur quelles applications se fait aujourd’hui la croissance ?
La croissance se fait notamment sur la messagerie électronique mobile. Typiquement, les premiers déploiements se limitent souvent, dans les grandes entreprises, au comité directeur voire au comité directeur étendu, avec de la messagerie électronique mobile sur base RIM. Mais lorsqu’il s’agit de démocratiser ce service auprès des autres populations de l’entreprise, Windows Mobile est souvent retenu, soit dans le cadre d’une migration complète, soit de la mise en place d’un parc dual. Le fait que les services de messagerie mobile soient intégrés sans surcoût à Exchange joue en faveur de Windows Mobile.
Quel est le niveau d’équipement des entreprises françaises ?
Cela dépend de leur profil. On peut considérer que 80 à 90 % des grands comptes sont équipés d’une solution de messagerie électronique mobile, dans des proportions variées mais avec, au maximum, de l’ordre de 15 à 20 % de collaborateurs équipés. Après, plus on descend dans le bas du marché, vers les PME et les TPE, moins le niveau d’équipement est important. On estime le taux d’équipement à 40 voire 60 % pour les grosses PME, et à 25/30 % pour les plus petites.
Les PME s’intéressent surtout aux applications métier, car le retour sur investissement est rapidement visible. Il n’y a pas de données précises de leur niveau d’équipement. Surtout, c’est à l’échelle d’une PME que l’ouverture à la mobilité des applications métier est la plus simple. Dans les grands comptes, cela tourne vite au grand projet. Dans la vente de détail, le transport, la logistique – des précurseurs – on arrive maintenant à la troisième, voire la quatrième génération de projets.
Quels ont été les freins à l’équipement des entreprises en solutions nomades ?
Pendant longtemps, il a fallu attendre que les étoiles soient bien alignées, à commencer par la tarification des opérateurs mobiles. La démocratisation remonte à dix huit mois de ce côté-là. Mais il y a aussi les coûts. Imaginez une entreprise qui s’est lancée en 2002 avec RIM et qui veut passer son parc d’utilisateurs équipés de 1 000/2 000 personnes à 20 000 !
Dans les grands comptes, il y a aussi les problèmes de gestion de parcs, un point noir historique. C’est pour cela que l’on a lancé System Centre Mobile Device Manager 2008 (MDM). Cette solution permet de gestion les terminaux Windows Mobile comme des PC de l’entreprise, de manière intégrée aux actifs de l’entreprise, avec Active Directory : pousser des politiques de sécurité ou encore d’accès avec gestion des rôles, des configurations VPN, etc.
En créant MDM, on a intégré les retours d’environ une dizaine de clients grands comptes français, sur les 400 que l’on suit en direct.
Mais Windows Mobile souffre d’une ergonomie vieillotte.
Windows Mobile n’a effectivement bénéficié que de peu d’attention, sur le plan graphique. La version 7 apportera de vraies évolutions en la matière. Mais il faut reconnaître que le développement grand public est très nouveau. Windows Mobile 7 apportera une interface conçue pour le pilotage au doigt, très modernisée ; une véritable rupture.
Alors, oui, il y aura de la rétrocompatibilité cassée. Mais les outils de développement sont là pour préserver l’ouverture de la plateforme.
Avec une ouverture sur la voix sur IP ?
Les opérateurs sont encore dans une logique de contrôle des usages, notamment modem et voix sur IP. Mais la mentalité évolue, notamment sous l’effet de la généralisation d’IP : il y a trois ans, Microsoft, Cisco, étaient généralement perçus comme des prédateurs, venus voler les clients des opérateurs télécoms. Dans les 18 mois, on devrait voir apparaître des offres de VoIP pour entreprises chez les opérateurs mobiles de l’hexagone.