La fragmentation d’Android complique le BYOD en entreprise
Certains, comme Samsung, ont beau faire des efforts pour proposer des terminaux Android taillés pour l’entreprise, l’écosystème mobile de Google reste trop fragmenté pour que les intéressées puissent standardiser leurs environnements avec lui.
On compte actuellement rien moins que six différentes versions d’Android en utilisation. Selon les statistiques de Google, 94 % des près de 500 millions de terminaux Android activés utilisent la version 2.3 (nom de code Gingerbread) ou des moutures ultérieures.
Ice Cream Sandwich 4.0 compte pour 29,3 % des terminaux, suivi par Jelly Bean 4.1/4.2 à 25 %. Et Gingerbread compte encore pour près de 40 % des terminaux en fonction. Un tel niveau de fragmentation représente plusieurs défis pour les stratégies mobilité des DSI : elles ont besoin d’une certaine cohérence à l’échelle de la plateforme Android.
Ces DSI «mènent une bataille où elles n’ont pas l’ascendant parce qu’elles n’ont que peu de contrôle sur les terminaux apportés dans leur environnement,» explique Benjamin Robbins, consultant du cabinet Palador Inc. de Seattle.
Les entreprises ayant adopté une politique de BYOD - ou AVEC selon l’honorable Commission générale de terminologie et de néologie qui tente poussivement de trouver des équivalent français aux termes techniques américains - ont moins de difficultés à réduire leurs variables de contrôle et de sécurisation avec iOS, Windows Phone et BlackBerry qu’avec Android, souligne Adam Bookman, co-fondateur de Propelics Inc., un cabinet de conseil et de développement d’applications mobiles de San Jose, en Californie. Avec Android, ces choix s’étendent de manière exponentielle,» relève-t-il.
L'offre virtuellement illimitée de terminaux Android pour le grand public condamne les professionnels des systèmes d’information à faire leurs propres choix lorsqu’il faut supporter la plateforme dans un environnement BYOD, souligne Robbins. Puisque la plupart des terminaux Android fonctionnent avec une version 2.3 ou plus du système d’exploitation, la DSI peut considérer celle-ci comme le minimum requis pour sa politique de BYOD. A charge pour les employés d’avoir un terminal doté au moins de celle-ci. «A court terme, cela peut clairement simplifier les choses pour la DSI,» ajoute-t-il. Mais «il est préférable de prendre une approche indépendante du terminal et de se concentrer sur la sécurisation des applications et des données parce que la fragmentation n’est pas appelée à disparaître à long terme.»
Des limitations qui encouragent la fragmentation
Le kit de développement d’Android est passé de 72 Mo à 203 Mo entre les versions 2.0 et 4.2 du système d’exploitation. L’incapacité à changer la taille de partition contenant le système est l’une des principales raisons de la fragmentation de la plateforme, estime Lori Sylvia, vice-présidente exécutive Marketing de Red Bend Software. Sa technologie vRapidMobile est utilisée pour la distribution de mises à jour de firmwares par de nombreux fabricants de terminaux mobiles. Sa toute dernière version leur permet de redimensionner à la volée les partitions pour disposer de l’espace supplémentaire nécessaire à chaque nouvelle version du système d’exploitation, en empiétant sur la partition de cache. L’espace alloué aux applications et aux données de l’utilisateur n’est pas affecté. Mais Sylvia imagine que des fabricants pourraient en laisser le choix à leurs utilisateurs finaux.Toutefois, cette capacité de redimensionnement n’est pas disponible pour les plus anciens terminaux Android.
En supprimant la limite de taille des partitions pour les mises à jour pour les terminaux les plus récents et ceux à venir, Red Bend espère que les fabricants de terminaux et les opérateurs seront enclins à supporter les appareils Android plus longtemps.
Mais pour Bookman, cela ne résoudra pas la question de la fragmentation des formats physiques et des tailles d’écrans. En outre, les personnalisations d’Android, qui contribuent elles aussi, à leur manière, à la fragmentation de l’écosystème - et Facebook vient encore d’en ajouter une - ne sont pas prêtes de disparaître : elles constituent le principal facteur de différenciation entre les équipements de Samsung, HTC, etc autres, souligne Bookman.
Conscient de la problématique, Google a toutefois pris quelques initiatives pour lutter contre la fragmentation de son écosystème. En 2011, il a lancé l’Android Update Alliance, contraignant les partenaires signataires à supporter les mises à jour du système durant au moins 18 moins après le lancement d’un appareil. Google met également le code source d’Android à disposition de ces partenaires plus tôt dans le processus de développement, afin de permettre un déploiement plus rapide des mises à jour. Et puis il a lui-même lancé ses propres terminaux et ajusté les conditions d’utilisation du SDK d’Android en janvier dernier pour limiter la prolifération des forks.
Adapté de l’anglais par la rédaction.