Open Source : la leçon française à l’Amérique
L’open Source version française séduit l’intelligentsia IT outre-atlantique. Au point de faire les honneurs d’un article chez nos confrères d'Infoworld. A front renversé, les habituels raconteurs de la Silicon Valley trouvent dans notre modèle de formation et d’animation de communauté une source d'inspiration pour le développement du logiciel libre outre Atlantique.
C’est la gloire pour l’Open Source à la française. Ou tout du moins une belle reconnaissance par Infoworld, l’un des principaux titres d’information IT en langue anglaise. Dans un article daté du 8 août et titré « Open source : what you should learn from the French », le site américain vante la manière dont l’Open Source se développe en France, notamment du fait d’une action publique forte. Et d’affirmer qu’aujourd’hui la France est sans doute l’endroit au monde le plus fertile pour le développement Open Source avec pour exemple un grand compte – France Télécom – qui n’a pas hésité à le mettre au cœur de son informatique et un consortium OW2 (dans le middleware) qui trouve ses racines dans l’Hexagone.
Les facteurs de succès de l'Hexagone
Pour appuyer son raisonnement Infoworld liste trois des principales raisons qui ont permis ce succès. Et de citer une présence du monde Open Source très en amont des entreprise, au cœur même du système de formation ; la capacité d’intégration et de travail collectif autour de l’interopérabilité des différentes applications et surtout un système qui permet de libérer les énergies créatives en matière de développement.
Interrogé, Bertrand Diard, patron et cofondateur de l'éditeur Talend, explique à notre confrère que la plupart des étudiants français utilisent l’Open Source. "contrairement aux Etats Unis où – à part le MIT – la plupart des universités promeuvent des plates-formes propriétaires comme celles de Microsoft, Oracle ou SAP".
L’Espagnol installé en France Miguel Valdes, cofondateur de Bonita Project - outil de workflow -, affirme même que trouver dans l'Hexagone un modèle social favorable aux entrepreneurs et innovateurs qui cherchent des alternatives aux logiciels propriétaires, permettant notamment la mixité dans les développements entre professionnels expérimentés et étudiants en informatique. Massimo Pezzini, de Gartner, enfonce le clou estimant qu’aux Etats-Unis « les projets ont tendance à être étriqués et réservés aux entreprises un peu en avance là où, en Europe, ils sont au cœur du SI ».
Un terreau favorable
On peut cependant supposer que l’Open Source profite également d’une faiblesse originelle de l’industrie IT en France. L’Hexagone a un mal récurrent à sortir des champions dans le domaine du logiciel. Et dès que cela se produit ils tombent rapidement dans l’escarcelle d’éditeurs étrangers, comme ce fût encore le cas récemment pour Business Objects, Ilog ou GL Trade. Du coup la France est plutôt la championne des services et de l’intégration. Une spécialisation particulièrement bien adaptée au modèle Open Source où le support et la personnalisation des applications sont clé dans la rémunération.
Par ailleurs, la préférence nationale ne pouvant jouer dans des choix publics pourtant stratégiques, l’option Open Source est apparue très tôt comme l’alternative idéale à une trop grande dépendance vis-à-vis de fournisseurs étrangers. Reste tout de même une vigilance de tous les instants pour que ce modèle puisse continuer de se développer face à des concurrents extrêmement puissants. La joute à rebondissement qui a eu lieu l’an passé au moment du vote pour la position de la France quant à la normalisation d’OpenXML en témoigne.