L’Open Source à l’avant-garde d’une nouvelle révolution économique
Pour Jim Whitehurst, Pdg de Red Hat, l’Open Source est à l’origine d’une révolution d’une ampleur comparable à celle de l’industrialisation et de la standardisation... de la production de boulons, au début du XIXe siècle. Une vision que ne renierait pas Paul Cormier, le vice-président exécutif de l’éditeur en charge de l’ingénierie.
L’Open Source n’a rien d’anecdotique. Jim Whitehurst et Paul Cormier n’ont pas manqué d’insister là-dessus en ouverture de la conférence annuelle de Red Hat qui vient de s’ouvrir à Boston, dans l’état du Massachusetts. Pour le Pdg de Red Hat, le monde est entré dans une économie de l’information : «nous avons passé le point où les actifs informationnels comptent plus que les actifs physiques.» Et ce de l’agriculture - avec l’ingénierie végétale - aux industries de pointe en passant par la banque, les services financiers, et le commerce. Pourquoi ce point d’inflexion est-il désormais franchi ? «Parce que nous disposons désormais de composants standardisés» pour manipuler l’information. Une évolution que Jim Whitehurst compare à l’automatisation de la production de vis et de boulons standardisée au début du XIXe siècle : «c’était la plus grande innovation du monde industriel - des pièces standardisées. Et aujourd’hui, 60 ans après l’invention de l’ordinateur, nous abordons une phase comparable de composantisation de l’informatique, avec le Cloud Computing. L’informatique devient une commodité.» Comme d’autres avant elle. Le Pdg de Red Hat reconnaît (rapidement) que ce type de transformation ne se fait pas forcément sans douleur, chaque domaine d’activité cherchant à profiter de cette évolution pour réduire ses coûts; il évoque notamment la disparition de la chaîne Blockbusters, icône des années VHS et DVD : «ce n’était qu’un coût transactionnel; il y en aura d’autres qui disparaîtront; les coûts transactionnels vont imploser.»
Eviter toute captivité
Mais pour que le Cloud Computing commence à tenir ses promesses, c’est grâce à l’Open Source, soulignent tant Jim Whitehurst que Paul Cormier. Pour ce dernier, c’est l’IT qui est ainsi en pleine mutation : «le Cloud est construit sur l’Open Source; et les applications sont construites dans le Cloud.» D’ailleurs, pour le vice-président exécutif de Red Hat en charge de l’ingénierie, les DSI vont devoir faire un choix, «un choix critique, peut-être le plus important de la décennie : comment aller vers le Cloud.» Et de détailler trois voies pour cela : partir de zéro; «ajouter un silo Cloud à l’infrastructure - c’est ce que VMware veut que vous fassiez [...] parce que c’est à peu près tout ce qu’ils savent faire », lance-t-il à l’assistance - ; ou déployer un Cloud hybride ouvert. Et pour cela, Paul Cormier met naturellement en avant l’Open Source et, surtout l’offre de Red Hat : «pour cela, il faut un environnement applicatif cohérent de bout en bout [...] Et il n’y a que deux éditeurs à savoir le faire - Microsoft et Red Hat. À vous de choisir entre un monde propriétaire ou ouvert.»
L’autre combat : les brevets
Pour Jim Whitehurst, le choix est bien sûr celui de l’Open Source. Il souligne d’ailleurs que, dans le monde du Big Data, selon lui, «toutes les innovations majeures sont ouvertes et Open Source. Et ce n’est qu’un début [...] parce que ce qui compte, ce ne sont pas les composants standardisés, c’est ce qu’un développeur quelque part dans le monde en fera ». Ainsi, la standardisation des composants peut bousculer des chaînes de valeur existantes, c’est surtout, pour Jim Whitehurst, le point de départ «d’une explosion de l’innovation ». Dès lors, pour le Pdg de Red Hat, si l’Open Source est parvenu à devenir une option aussi sérieuse que le logiciel propriétaire, tout n’est pas joué : «la prochaine bataille sera celle des brevets. Si quelqu’un avait breveté les boulons, nous n’aurions pas de moteurs à réaction.»