Oracle baisse le coût de ses licences pour les serveurs Sun
L'éditeur américain vient d'ajuster le tarif de ses licences de bases de données pour favoriser un peu plus les systèmes multithread de Sun à base de puces UltraSparc T2. A la clé une baisse des prix d'un tiers du SGBD Oracle sur ces plates-formes. Une façon pour l'éditeur d'illustrer les bénéfices de la fusion avec le constructeur californien, en faisant vibrer la corde sensible des DSI : les budgets.
Même s'il n'est toujours pas consommé, le mariage annoncé entre Sun et Oracle commence à se traduire dans les faits. Après le lancement, il y a quinze jours, d'une seconde mouture de son appliance de bases de données Exadata basée sur des serveurs et des composants de stockage Sun (alors qu'Oracle utilisait des composants HP dans la première itération), Oracle a aussi annoncé son intention de publier un nouveau record de performance au benchmark TPC-C le 14 octobre prochain à l'occasion de l'ouverture de sa conférence utilisateur OpenWorld (une opération qui lui a d'ailleurs valu les foudres du consortium TPC qui a infligé une amende à l'éditeur).
Mais l'angle des performances n'est pas le seul sur lequel s'affaire Oracle. Derrière le rideau, les petits génies du calcul de licence de l'éditeur s'agitent aussi pour améliorer la compétitivité des systèmes de Sun lorsqu'ils sont couplés avec les logiciels de la marque. Premier exemple de cette « créativité » tarifaire, Oracle vient de baisser d'un tiers les coûts de licence de son SGBD-R sur les serveurs Sun équipés de puces multithread UltraSparc T2
Une réduction d'un tiers du prix des licences
La firme dirigée par Larry Elisson a pris l'habitude de facturer son SGBD par cœur, mais en ajoutant une petite subtilité : chaque type de processeur se voit affecté un coefficient de performance qui permet au géant de moduler son prix en fonction de ce qu'il estime être le juste rapport prix/performance pour chaque plate-forme. C'est ainsi qu'un processeur x86 moderne d'AMD ou Intel se fois affecté un coefficient de 0,5, tandis qu'un Power 6 ou un Power 6+ hérite d'un coefficient de 1. Ainsi un serveur x86 équipé d'une puce quadri-coeurs Intel doit s'acquitter de 2 licences processeur, tout comme un Power 6 bi-coeur. Jusqu'alors, les puces UltraSparc T2 de Sun étaient affublées d'un coefficient de 0,75. Ces puces octo-coeurs devaient donc s'acquitter du prix de 6 licences processeur. Un vrai boulet, quand on sait qu'Oracle facture 47 500 $ la licence processeur pour une version entreprise de son SGBD.
C'est ce coefficient multiplicateur qu'Oracle vient de modifier, de quoi donner un petit coup de pouce à sa future division matérielle. Alors que Sun vient à peine de doper la fréquence maximale de ses UltraSparc T2 et T2+ pour la porter à 1,6 GHz, Oracle a annoncé la semaine dernière (le 24 septembre pour être exact), que le coefficient processeur pour ces processeurs passait de 0,75 à 0,5, soit une baisse de prix d'un tiers. Bref, non seulement la performance des systèmes à base de T2 augmente - et elle était déjà séduisante -, mais le prix par processeur baisse.
Ce rare geste de générosité tarifaire de la part d'Oracle n'a toutefois rien de désintéressé. En abaissant le coût de ses licences sur les architectures multicœurs Sparc, Oracle crée une incitation tarifaire à préférer les machines Sun à celles d'IBM et fait au passage d'une pierre deux coups : chaque machine Sun vendue vient doper son chiffre d'affaires tout en privant IBM (et en France Bull) d'une vente potentielle. Rappelons que, le 16 mars dernier, l'éditeur avait déjà porté le coefficient des Power 6 de 0,75 à 1, augmentant ainsi d'un tiers le coût des licences Oracle sur serveurs Power Systems. A titre de comparaison, le coefficient des puces Itanium, fixé à 0,5, paraît presque amical.
Vers une guerre des prix ?
Pour l'instant, la générosité d'Oracle ne s'étend pas aux grands serveurs Sparc Entreprise de Sun, ceux qui souffrent actuellement le plus face aux Power Systems d'IBM et qui devront affronter, dès la mi-2010, l'assaut des machines à base de processeurs Power 7. Or les Sparc Entreprise, conçus en commun avec Fujitsu, auraient eux-aussi grand besoin d'un petit coup de pouce tarifaire, ne serait-ce que pour mieux affronter les systèmes Power sur le marché des ERP ou du décisionnel. Ou pour faire face aux offres combinées d'HP et Microsoft, qui poussent de plus en plus le couple Itanium/SQL Server.
Reste qu'un tel coup de pouce pourrait aussi s'avérer dangereux, car il pourrait amorcer une guerre des prix sur les SGBD entre IBM et Oracle. Big Blue a en effet tout loisir d'ajuster les prix de sa base DB2 pour offrir lui aussi des bundles tarifaires attractifs à ses clients. Et, avec près de 40 % des ventes de serveurs Unix (une part de marché qui croit régulièrement), il est en position de force pour contrer Oracle. Les deux géants n'ont toutefois aucun intérêt à se lancer dans une telle guerre des prix, même si elle aurait de quoi réjouir leurs bases installées.
En savoir plus :
La processor Core Factor Table d'Oracle