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ZFS : l'architecte en chef de la technologie souhaite son retour à l'open source
Mark Maybee, l'architecte en chef de ZFS chez Oracle, a profité d'une intervention à l'OpenZFS Summit pour faire le bilan de l'évolution de la technologie chez Oracle. Il a également évoqué son souhait de voir la technologie revenir à l'open source, tout en soulignant que "Larry" est très sensible à sa propriété intellectuelle...
C’est à un exercice de transparence peu commun que Mark Maybee, l’architecte en charge de ZFS chez Oracle s’est récemment livré lors de l’OpenZFS Summit.
Oracle, on s’en souvient, a hérité du système de fichiers ZFS lors de son rachat de Sun. Et il a rapidement décidé de refermer le code source de son logiciel, laissant par ailleurs la communauté Open Solaris libre de poursuivre ses développements. Une décision qui s’est traduite par la création de deux branches séparées de la technologie, l’une au sein d’Oracle et l’autre dans la communauté libre OpenZFS.
Voir un responsable d’Oracle s’exprimer lors de la réunion annuelle de la communauté OpenZFS était donc pour le moins inattendu. Et ce qui l’a été encore plus est la transparence absolue du discours tenu par Mark Maybee et son souhait exprimé de voir la technologie revenir dans le domaine Open source pour devenir l'un des fondements du stockage pour Linux.
Le long et dûr chemin vers la maturité de ZFS
Lors de son intervention, Maybee a retracé l’histoire de ZFS chez Oracle rappelant qu’après l’acquisition de Sun, Larry Elisson a donné pour mandat aux responsables de Sun de faire de ZFS la technologie interne de stockage de la firme. À l’époque, raconte Maybee, les appliances de stockage ZFS nées du projet Fishworks - Larry Ellison avait insisté pour rebaptiser les Sun Storage 7000 en ZFS Appliances pour mettre en avant la marque du système de fichiers - n’en étaient qu’à leurs débuts. Il a donc fallu pour Oracle adopter une technologie pas encore tout à fait mûre pour remplacer les 12 Po de stockage NetApp présents au sein des datacenters d’Oracle.
Pour ZFS, « cela a été une épreuve du feu », raconte Maybee. « Il s’agissait d’un nouveau produit, et il y avait des problèmes. Le produit a été déployé à une échelle qu’il n’avait jamais connue jusqu’alors. Et il a évolué et il est devenu plus solide, mais cela a pris du temps ». Les équipes de développements ZFS ont ainsi dû corriger près de 25 bugs par mois (avec une liste stable de 400 bugs ouverts) pour faire face aux problèmes générés par l’adoption massive d’un ZFS encore un peu immature par des équipes formées à NetApp.
Pendant un certain temps, les équipes ZFS ont ainsi dû prioriser la stabilité de la plate-forme aux développements de nouvelles fonctions, une stratégie qui s’est rapidement avérée payante avec une division par deux du nombre de bugs ouverts.
Ce baptême du feu a été profitable à la technologie, explique Maybee, puisque ZFS a rapidement mûri. Oracle a dès lors pu recommencer à enrichir la technologie et en faire le pilier de son stockage, à la fois pour ses besoins internes, mais aussi dans ses produits.
Une technologie massivement déployée dans le monde
Selon Maybee, les appliances ZFS seraient aujourd’hui utilisées par les plus grandes entreprises mondiales (deux des trois plus grands éditeurs SaaS, 7 des 10 plus grandes banques mondiales, neuf des dix plus grands opérateurs télécoms, 3 des 5 plus grandes compagnies pétrolières et les cinq plus grands fabricants de semiconducteurs).
Près de 25 000 appliances de stockage ZFS auraient été commercialisées dans le monde. Mais le plus grand utilisateur au monde de la technologie serait aujourd’hui le cloud d’Oracle, avec près de 2400 baies de stockage ZFS pour un total de 1300 Po. Ce chiffre augmente actuellement au rythme de 50 baies par mois, ce qui devrait faire passer la barre des 2000 Po au cloud de Larry Ellison dans les douze prochains mois.
Un retour vers l'open source ?
Si Maybee s’est félicité de ces succès, il a en revanche été candide sur les menaces qui planent sur ZFS. La réduction des dépenses de R&D d’Oracle dans ses systèmes et notamment Solaris et les appliances de stockage fait peser une menace à long terme sur la technologie. Un autre problème est la course éperdue des acteurs du cloud au prix de stockage le plus bas. ZFS a été conçu pour tirer parti de systèmes et de disques économiques, explique Maybee. Mais il n’est pas officiellement supporté par Oracle sur Linux et n’est pas non plus utilisé conjointement avec des systèmes objet.
Pour pérenniser ZFS, Maybee a sa petite idée. Il a ainsi souhaité qu’Oracle fasse de ZFS le système de fichiers de choix pour sa distribution Linux et qu’il intègre fasse de ZFS un composant upstream de Linux. Il aimerait aussi que ZFS soit utilisé comme fondement de système de stockage distribués (objet ou non).
Il y a peu nous indiquions que « l’abandon de Btrfs par Red Hat pourrait offrir à Oracle l’occasion de marquer des points auprès de la communauté open source, si l’éditeur se décidait à honorer l’une des dernières promesses faites par Sun avant son rachat, à savoir la modification des termes de licence de ZFS, pour le faire passer de son actuelle licence CDDL à une licence plus ouverte de type Apache ou GPL ».
Maybee ne semble pas dire autre chose, souhaitant implicitement qu'Oracle aille plus loin que Canonical (qui package actuellement OpenZFS avec Ubuntu). La partie est toutefois loin d’être gagnée. Comme le confirme le dirigeant, si des discussions sur le sujet ont débuté chez Oracle, « Larry est très sensible à sa propriété intellectuelle ». Les récents mouvements opérés par Oracle vers l’open source, notamment autour de Java pourraient en ce sens être de bon augure. Il resterait alors un obstacle de taille : réconcilier la communauté OpenZFS avec Oracle et déterminer, si cela est encore possible, comment faire converger deux bases de codes qui ont énormément divergé au cours des dix dernières années.