Microsoft Experiences : Microsoft place l’IA à tous les étages
L’événement parisien s’habille aux couleurs de l’Intelligence artificielle pour positionner Microsoft sur ce marché bientôt prometteur. Même si les entreprises peinent encore à comprendre le concept.
Plein phare sur l’IA. S’il fallait retenir un message de cette édition 2017 de Microsoft Experiences qui se tient les 3 et 4 octobre au Palais des Congrès de Paris, ce serait celui de la présence affirmée du concept de l’Intelligence Artificielle sur la feuille de route de Microsoft. Une couleur très marquée lors de cet événement qui doit réunir, si l’on en croit les chiffres des organisateurs, quelque 10 000 participants, piochés dans l’ensemble de l’écosystème de l’éditeur de Redmond.
Si Microsoft avait déjà marqué de son empreinte l’IA en France, en supportant 6 projets IA dans l’incubateur parisien Station F, la société a également souhaité montré que le Machine Learning et le Deep Learning, ainsi que les technologies cognitives (les 3 concepts qui forment l’IA chez Microsoft, selon ses responsables) étaient également au cœur de la transformation même de l’éditeur. En plus d’accompagner la transition des entreprises vers le numérique – là où Microsoft se positionne très fortement, logiquement. D’ailleurs, Peggy Johnson, vice-présidente en charge du Business Development de Microsoft (Corp) est elle-même venue portée la bonne parole à Paris pour l’expliquer à ce parterre de partenaires et clients. L’IA fait bien partie de la stratégie d’acquisition de l’éditeur.
Microsoft anticipe une accélération de l’IA pour 2018
Et justement : comment réagissent ces entreprises françaises à la déferlante IA ? Dévoilée lors cet événement, une étude IDC / Microsoft, révèle que l’heure est plutôt à la frilosité, même si certains signaux montrent un intérêt sur le sujet. « Si en 2017, les mots ont effrayé un peu les décideurs, en 2018, ils commencent à comprendre les différences entre les composants », résume en substance Thomas Kerjean, directeur division Cloud de Microsoft France, qui dévoilait cette étude – celle-ci ne prend uniquement en compte les projets menés autour du Deep Learning et le Machine Learning.
Pour le côté positif : 34% des 150 personnes interrogées (un mixe de métiers et de responsables IT) ont un projet en cours ou en devenir et 6% d’entre eux travaillent déjà avec l’IA « dans un unique domaine ». Même si finalement – pour le côté négatif - 23% n’ont tout bonnement pas de projets et 43% ne font qu’effleurer le concept et sont au stade de la réflexion et de la compréhension du sujet. A vrai dire, beaucoup associe même ce concept à …de la robotique, révèle cette même étude.
Banque et finance devancent le commerce
Sur cette base, les secteurs de la finance, de la banque et de la santé en France (les 2 premiers étant aussi les plus avancés dans leur transition vers le numérique) semblent être plus avancés dans ce domaine que ne le sont les entreprises du commerce et du secteur manufacturier. Les cas d’usage ont pour l’heure été identifiés dans la relation clients – les bots bruissaient d’ailleurs fortement dans tous les couloirs de Microsoft Experiences. Une maturité considérée plus élevée que dans l’IA appliqué à l’efficacité des employés et encore plus avancée que dans la gestion opérationnelle des entreprises ou la conception de produits.
Mais avec 28% des entreprises ayant des PoC en cours, l’adoption peut être rapide, lance le responsable Microsoft, confiant. Surtout si 72% des entreprises parlent d’y dédier un budget moyen de 318 millions d’euros : Thomas Kerjean croit ainsi savoir que « 2018 sera l’année de l’accélération » de l’IA.
A vrai dire, si certains grands comptes comme Schneider Electric France, ont fait le choix d’utiliser cette intelligence artificielle – et les services Azure dédiés (Azure IoT et des services de Machine Learning, par exemple) – dans leur transformation, tout comme c’est le cas de Publicis, il apparait que les entreprises cherchent encore leurs cas d’usage. Certaines en sont encore à répondre à la question : en quoi l’IA pourrait-elle aujourd’hui constituer une meilleure solution à mon problème, plutôt qu’une technologie déjà en place. De là naissent donc ces fameux PoC, pour apprendre en avançant. Le constructeur automobile PSA, avec l’aide d’OBS (Orange Business Services) travaille par exemple à un projet de mise en place d’interfaces interactives intelligence (un bot audio en fait partie) auprès de ses opérateurs, dans la volonté de répondre aux mieux aux exigences opérationnelles de la marque. Un projet qui se veut progressif et volontairement itératif.
Microsoft veut distiller l’IA pour démocratiser
Chez Microsoft, le dispositif est en place. Et l’éditeur de marteler sa vision : l’IA pour « augmenter l’ingéniosité humaine » (sic). Si la « plateformisation » de l’IA est également le mot d’ordre, Microsoft confirme aussi souhaiter démocratiser le concept en favorisant son adoption auprès des développeurs, mais aussi distiller sa mécanique dans les produits de la marque. A commencer par Office 365, Skype et Dynamics 365, dont les services cognitifs habitent désormais l’application d’entreprise. La semaine dernière, Microsoft a ainsi annoncé à l’occasion d’Ignite 2017, Dynamics 365 AI solutions, dont la vocation est de mettre en musique ces services d’IA et de les caler sur les services métiers de la plateforme. Le premier outil étant un assistant pour le service client.
L’approche plateforme intégrée proposée par Microsoft et Azure est l’un des critères qui justement facilitent ces fameux PoC, constate Romain Micolon, développeur chez Futurs.io, le laboratoire d’innovation de la société Maltem Insight Performances. Celle-ci présentait un projet au sein de l’AI Hackademy, un espace dédiée à la cause de l’Intelligence artificielle, logé au sein de Microsoft Experiences. Maltem monitore l’ensemble du réseau informatique de Carrefour depuis 10 ans et teste actuellement (dans un PoC) les services Azure pour mettre en places des possibilités de maintenance prédictive et de détection d’anomalies en avance phase. Ces tests doivent permettre d’identifier les bons algorithmes. Les jeux de données collectés par Maltem sont ainsi passés par les services Azure, comme Data Lake Analytics et Data Lake Store. Et Des scripts R sont exécutés via Azure ML. Pour Romain Micolon, ce dernier service apporte des possibilités de manipulation graphique qui facilite la modélisation ML, ce qui est positif pour un novice. Mais l’outil peut encore gagner en maturité, concède-t-il.
Evidemment, Microsoft travaille sur ses outils pour lever les barrières de l’adoption à l’IA. Tout comme le reste du marché d’ailleurs, il entrevoit un segment d’avenir à fort potentiel. Parmi les travaux, rassurer sur l’exploitation des données dans le Cloud. Ce qui pour l’heure constitue un frein, non seulement pour les entreprises des secteurs fortement règlementés, mais également pour toutes celles qui devront s’aligner sur la GDPR. Un responsable Microsoft affirme ainsi travailler à séparer les modèles d’apprentissage, de leur phase d’exécution. L’idée est de permettre aux entreprises de réaliser l’apprentissage des modèles dans le Cloud avec des données qui peuvent être anonymisées et de les compacter dans un container, pour au final, permettre son exécution sur les systèmes internes des entreprises – et avec les données critiques de l’entreprise.
Mais « il reste une vraie nécessité d’accompagnement pour dimensionner les projets et définir les besoins», lance Thomas Kerjean. Bref, l’évangélisation ne fait que commencer.