Emploi IT : un (trop) léger mieux automnal
Un peu plus d'offres d'emploi en octobre 2013 qu'un an plus tôt. Mais le bilan sur douze mois reste encore dans le rouge. Malgré l'évolution des besoins observée par les recruteurs.
En octobre, selon le relevé mensuel de l'Apec, l'offre d'emploi IT a marqué une hausse de 5% sur l'an dernier même mois. Comme en septembre (+7% par rapport à septembre 2012), ce léger mieux ne suffit pas à effacer le recul enregistré depuis mi-2012.
Au total, sur douze mois glissants, le repli est encore de -2% (il était de -3% en septembre). Selon les catégories, cette baisse de l'offre est plus tranchée pour les postes de direction (-15% sur douze mois), d'informatique industrielle (-13%), d'exploitation et de maintenance (-12%), les postes systèmes et réseaux (-7%) et même les métiers du web (sites et portails) (-4%). En revanche, l'informatique de gestion est repassée dans le vert (+ 9% sur douze mois).
La confirmation d'un certain attentisme généralisé est fournie avec la moindre diffusion des offres d'emploi sur internet, en informatique (-19 points par rapport à octobre 2012 selon l'Apec) comme pour l'ensemble des cadres (-13 points). Diffusion qui reste pour autant plébiscitée comme vecteur de recherche d'emploi et de recrutement (baromètre BVA/Syntec numérique, nov. 2013).
Embauche ciblée des PME
En attendant le point semestriel de Syntec numériqueannoncé pour la semaine prochaine (27 novembre) qui devrait en dire plus à ce sujet, diverses études publiées récemment soulignent l'intention des PME du secteur IT d'accroître ou de reconstituer leurs troupes à brève échéance. Ce serait le cas, selon l'étude de Sogedev (cabinet de conseil aux entreprises pour le financement de l'innovation), de plus d'une PME du secteur sur deux (56%) qui reste optimiste, deux-tiers d'entre elles ayant recruté récemment. L'écho est sensiblement le même du côté de la chambre syndicale Cinov-IT (PME et TPE du numérique) dont l'enquête de conjoncture semestrielle publiée en octobremontre qu'un-tiers du panel a embauché au premier semestre 2013 et que quatre sur dix projetaient d'embaucher au second semestre. Une intention de plus en plus précisément ciblée comme en témoignent aussi bien les sites d'emploi que les cabinets de recrutement.
L'or noir du développement
Ainsi, selon qapa.fr, le suivi du matching entre offre et demande montre en effet que, pour les métiers du web, notamment, « le nombre d’offres d’emploi est bien supérieur au nombre de candidats qualifiés disponibles ». Comme le souligne Stéphanie Delestre, dirigeante co-fondatrice du site, « la rapide évolution technologique génère de nouveaux métiers pour lesquels le système éducatif n’a pas de filière dédiée : à titre d’exemple, l’explosion du volume de données à analyser pour un acteur internet a créé le métier de "data scientist". Nous pensons que ce constat va s’accentuer dans les mois à venir si l’on en croit la tendance actuelle américaine où les développeurs sont le nouvel or noir » !
De même, Sernin de Rigaud, manager de la division IT du cabinet Walters People, relève que « la surenchère technologique accentue les besoins liés aux solutions de mobilité (smartphone, tablettes numériques) tels que des ingénieurs Etudes & Développement ». Non sans impact, observe-t-il, sur les politiques salariales. « De manière plus générale, les candidats IT disposant d’une double compétence - technique et fonctionnelle - et d’une maîtrise courante de l’anglais, peuvent prétendre à une hausse de leurs rémunérations de 5 à 10%. »
Un marché fluctuant...propice aux profils « entrepreneuriaux »
En accord avec le suivi mensuel de l'Apec, Fabrice Coudray, directeur du cabinet Robert Half Technologie souligne pour sa part qu' « à l’instar d’autres métiers, le marché du recrutement informatique reste fluctuant ». Tout en remarquant « la demande soutenue et en progression dont font l'objet les postes liés au numérique. Tendance qui, avance-t-il, se confirmera sur 2014, tant pour les postes techniques que pour ceux à orientation commerciale/marketing. Et d'en déduire : « Les postes alliant compétences techniques rares et managériales avérées comme ceux de chef de projet ou de responsable des systèmes d’information restent recherchés. Cette appétence pour les profils ‘entrepreneuriaux’, jusqu’alors peu observée dans l’IT, prend tout son sens dans le contexte actuel ».